Thierry Robin (iXblue) : « L’avantage du laboratoire commun, c’est de pouvoir être les premiers sur un sujet »

13 novembre 2019

L’entreprise spécialiste des fibres optiques spéciales iXblue travaille avec le laboratoire Hubert Curien depuis 2006. A l’occasion de la création du laboratoire commun « LabH6 » avec le laboratoire de Saint-Etienne, le CTO d’iXblue revient sur les produits, parfois inattendus, que l’entreprise a pu commercialiser grâce à ce partenariat.

L’entreprise installée à Saint-Germain-en-Laye, et qui rayonne sur quasiment tous les continents, s’est imposée depuis quelques années sur le marché des fibres optiques spécialisées. Ce positionnement remonte au sortir de la bulle Internet des années 2000. Après l’explosion de la bulle, l’entreprise décide de continuer à travailler sur la fibre optique, mais pour des applications spéciales, hors télécommunications. Le groupe est alors diversifié dans le spatial, le naval, ou encore le nucléaire, secteurs pour lesquels il développe des systèmes de positionnement. iXblue développe pour ces secteurs des fibres optiques adaptées aux contraintes physiques de chaque environnement. L’entreprise s’associe alors avec la recherche publique sur plusieurs projets. Les premiers travaux de recherche sur le vieillissement des fibres sont réalisés avec le CEA DAM, spécialiste des applications militaires.

En 2011, l’activité de recherche du groupe s’accélère, alors que l’explosion de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima pointe la fragilité des connexions optiques soumises à des irradiations. Plus aucun capteur ne fonctionne après la catastrophe. Le groupe profite de ses liens avec le chercheur Sylvain Girard, passé du CEA au laboratoire Hubert Curien, pour accentuer ses relations avec le laboratoire, unité mixte de recherche (UMR) entre l’université Jean Monnet, le CNRS et l’Institut d’Optique.

Une visibilité scientifique convertie en contrats commerciaux
L’excellence scientifique du laboratoire permet à iXblue de multiplier les contacts commerciaux. C’est le laboratoire Hubert Curien qui connecte par exemple iXblue avec Areva, lorsque le géant du nucléaire commence à s’intéresser à la fibre optique. iXblue travaille également pour le spatial, attiré par le boum du marché des constellations de satellites. L’entreprise finance ainsi plusieurs thèses Cifre avec le laboratoire Hubert Curien sur des fibres dopées aux terres rares. « Nous sommes montés assez vite en TRL. Ce type de partenariat nous permet d’avancer rapidement, sans le poids de l’académique » note Thierry Robin.


 « Les 100 000€ que représentent pour nous ce marché sont directement issus de notre collaboration avec Hubert Curien »

Thierry Robin

Les retombées commerciales de ces travaux de recherche communs sont parfois plus inattendues. L’entreprise a financé une thèse d’un chercheur d’Hubert Curien sur l’utilisation de la fibre optique comme dosimètre, afin de remplacer les capteurs. Lorsque le chercheur a continué sa carrière au CERN, iXblue a pu établir un contact avec le centre de recherche suisse, et a pu installer ses fibres converties en dosimètres au CERN. Cette belle « carte de visite » a aidé l’entreprise à pénétrer le marché américain, où iXblue a récemment vendu cette technologie de fibre dans trois laboratoires, dont l’équivalent du CERN aux États-Unis. « Les 100 000€ que représentent pour nous ce marché sont directement issus de notre collaboration avec Hubert Curien » a rappelé Thierry Robin. Le CTO estime que ce marché pourrait peser un million d’euros dans quelques années pour l’entreprise. Dans ce contexte, la direction R&D d’iXblue n’a aucun problème à justifier ses investissements avec Hubert Curien. « Aujourd’hui je dis juste : voilà l’exposition scientifique que cela nous apporte ».

Le coût d’un laboratoire commun n’est cependant pas nul. Si l’entreprise n’a pas financé de nouveaux appareils ou infrastructures, elle a investi en temps de recherche et en matière première. Un investissement nécessaire pour être à la pointe du secteur selon Thierry Robin. « Lorsqu’un projet bénéficie d’un financement européen, cela signifie que la technologie est déjà connue. L’avantage du laboratoire commun, c’est de pouvoir être les premiers sur un sujet. C’est ce qu’il s’est passé avec les dosimètres ».

Les points à retenir : 

  • iXblue a créé un laboratoire commun avec le laboratoire Hubert Curien après 13 ans de collaboration.
  • L’investissement financier d’iXblue dans ce laboratoire commun a été minime.
  • Ce sont les hasards de la carrière d’un chercheur d’Hubert Curien qui ont ouvert une partie du marché du nucléaire à iXblue.

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