Thierry Louvet (Pôle Systematic) : « Les entreprises doivent aborder Horizon Europe dans une démarche d’open innovation »

15 novembre 2021

Le cluster européen spécialiste des Deep Tech organise, le 18 novembre, un événement consacré au nouveau programme-cadre Horizon Europe. « Deep Tech 100 % Europe » doit permettre de s’informer et d’identifier des partenaires potentiels pour répondre aux prochains appels à projets. POC Media, partenaire de l’événement, s’est entretenu avec Karine Jacq, déléguée générale du pôle Systematic, et Thierry Louvet, directeur international et Europe du pôle, sur les nouvelles opportunités d’Horizon Europe et comment le pôle aide ses membres pour les saisir.

Quel est le profil des membres du pôle Systematic ? Et comment se distinguent-ils des membres d’autres clusters en Europe ?

Karine Jacq : Le pôle Systematic compte 900 adhérents, dont 140 grands groupes, 600 start-up, PME et ETI, ainsi que 140 académiques. Nous avons la chance d’être installés sur le plateau de Saclay : nous bénéficions donc de la proximité d’un formidable foisonnement d’établissements d’enseignement supérieur et/ou de recherche, de laboratoires, d’écoles et d’universités. Une de nos spécificités est d’animer un collège d’une vingtaine d’investisseurs, qui aident nos entreprises dans leur financement, et un collège de collectivités, que nous pouvons accompagner sur des problématiques comme la smart city, par exemple.

Sur quelles technologies digitales les membres de Systematic sont-ils en pointe en Europe ?

K. J. : Nous sommes organisés en sept hubs technologiques : Data Science & AI, Cyber & Security, Digital Infrastructure & IoT, Digital Engineering, Optics & Photonics, Open Source et, tout récemment, Drones. Toutes nos activités sont centrées autour de trois enjeux : la transformation des territoires, de l’industrie & des services, et de la société, avec, pour ce dernier sujet, un accent thématique fort mis sur l’e-santé et les AgTech.

Quelles sont les technologies digitales sur lesquelles le programme Horizon Europe apporteun soutien particulier ?

Thierry Louvet : Pour bien appréhender les opportunités proposées par le programme, il faut d’abord comprendre comment il est structuré. Horizon Europe est doté de 95 milliards d’euros, et est organisé en piliers (excellence scientifique/problématiques mondiales et la compétitivité industrielle européenne/Europe innovante/Espace européen de la recherche), qui comptent chacun plusieurs clusters. Un cluster du deuxième pilier est consacré, notamment, aux technologies Deep Tech. Les « destinations » de ce cluster, donc les thématiques traitées au sein de ce cluster, concernent, par exemple, les technologies d’IA, l’open source, le quantique ou, encore, le numérique au service de la transition écologique. D’autres clusters abordent aussi des problématiques dans lesquelles le numérique a un rôle important, comme les clusters sur la santé ou la cybersécurité.

En quoi Horizon Europe est-il différent du précédent programme H2020, notamment pour les start-up et les PME ?

T. L. : Sur le plan des thématiques tout d’abord, Horizon Europe est nettement plus centré sur les enjeux de la planète. Ensuite, la grande nouveauté du programme en matière d’outil, c’est le Conseil européen de l’innovation (EIC). Ce dispositif avait été testé par le programme H2020, mais il a été définitivement adopté par Horizon Europe. L’EIC dispose d’un budget de 10,1 milliards d’euros pour soutenir les innovations de rupture, de la recherche en phase initiale à la preuve de concept, au transfert de technologie, au financement et à la mise à l’échelle des start-up et des PME. Une caractéristique unique de l’EIC est qu’il fournit des fonds à des entreprises individuelles (principalement des start-up et des PME) par le biais de subventions et d’investissements. Les investissements prennent actuellement la forme de participations directes ou de quasi-participations et sont gérés par le fonds EIC. C’est un outil que je comparerai à Bpifrance, mais au niveau européen. Les start-up sont très intéressées par l’EIC, en particulier celles qui souhaitent passer à la phase de scale-up.

Comment les entreprises françaises peuvent-elles davantage profiter des financements d’Horizon Europe ?

T. L. : Il faut déjà qu’elles suivent l’actualité du programme, par exemple via le site du ministère de la Recherche consacré à Horizon Europe. Le site liste, entre autres, les appels à projets les plus intéressants. C’est aussi le rôle des pôles de compétitivité de relayer les différents appels européens. Le pôle Systematic aide ainsi ses membres à y voir plus clair dans les dispositifs variés de soutien de l’innovation et de la recherche, en proposant en temps réel une sélection rigoureuse des appels à projets en cours sur son site internet. Systematic organise également des webinaires sur les différents programmes et appels, et l’évènement du 18 novembre offrira aussi la possibilité à des start-up de pitcher leur projet à des partenaires académiques par exemple.

Comment les entreprises françaises ont-elles la possibilité de peser sur les futures orientations du programme ?

T. L. : Actuellement, la phase du programme d’Horizon Europe couvrant la partie 2023-2024 est préparation. Des réunions réunissent les principaux think tanks européens, formés notamment par des industriels et la Commission européenne, pour définir quels vont être les axes de travail pendant cette période. Les entreprises françaises doivent être à l’écoute de ce qui se dit lors de ces échanges, directement ou en se rapprochant d’entreprises ou de laboratoires qui y participent. L’enjeu est d’obtenir une information de première main, voire d’influencer ou de proposer de nouveaux sujets de travail.

Que conseillez-vous à une entreprise qui souhaiterait participer à un projet européen ?

T. L. : Cela dépend avant tout de ce que l’entreprise attend d’Horizon Europe. L’événement du 18 novembre prochain permettra de se faire une première idée, avec le témoignage de deux PME qui ont pris part à un projet collaboratif du précédent programme, H2020, et qui reviendront sur les résultats obtenus. Ensuite, les entreprises doivent aborder Horizon Europe dans une démarche d’open innovation. C’est une bonne façon de se connecter aux autres clusters qui existent en Europe. Cela lui permettra aussi de mieux savoir si son marché est au niveau national, ou européen. Accessoirement, l’entreprise qui souhaite participer à un projet européen a besoin d’un numéro d’identification qu’elle doit demander auprès de la Commission européenne.

Propos recueillis par Florent Detroy

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