François Plais (Polytechnique) : « l’École veut développer un contrat de confiance avec les entreprises »

6 juillet 2020

François Plais, Chef du service de la recherche partenariale et de la propriété intellectuelle (SR2PI) de Polytechnique

Réputée pour l’excellence de sa recherche fondamentale, la prestigieuse École d’ingénieurs veut aujourd’hui faire une plus grande place aux entreprises. François Plais, en charge des partenariats, revient sur la nouvelle dynamique collaborative qu’il souhaite impulser à son École, et au sein du nouvel Institut Polytechnique de Paris (IP Paris).

Quelles sont les forces de Polytechnique en matière de recherche ? 

Polytechnique, c’est d’abord 23 laboratoires et 14 plateformes expérimentales. La recherche à Polytechnique n’est donc pas très grande, mais nous sommes multidisciplinaires, ce qui nous permet d’innover aux frontières des technologies. Nous avons quelques domaines phares, comme la physique des particules, les sciences de l’univers, ainsi que la science du climat. Nous avons d’ailleurs lancé en 2019 le centre de recherche interdisciplinaire Energy4Climate (E4C) au sein de l’Institut Polytechnique de Paris*. Un autre de nos domaines phares concerne la recherche sur les algorithmes et les sciences mathématiques, appliqués à l’intelligence artificielle et à la science des données. 

Quel est l’état de vos relations avec le monde économique ? 

Nous essayons de créer des politiques originales de recherche partenariale, avec un continuum d’actions allant de la recherche exploratoire jusqu’à la création de start-up. Nous amorçons souvent les collaborations avec des thèses Cifre, puis nous améliorons progressivement le niveau de TRL grâce à nos compétences en maturation et en pré-maturation. C’est une autre particularité de notre stratégie et une de nos forces. Nous avons la capacité à porter des start-up deep tech sur de longs temps. Nous sommes d’ailleurs lié à la Satt Paris Saclay, et IP Paris, en tant qu’actionnaire de la Satt, est un pourvoyeur important de projets. 

Quels sont les outils privilégiés de l’école pour collaborer avec les entreprises ? 

L’outil principal est la thèse Cifre. Nous signons entre 10 et 15 thèses par an. Même si elles ne sont pas très nombreuses, elles sont plus importantes que nos prestations de recherche ou nos laboratoires communs. Nous avons également 32 chaires actives, la plupart financées dans le cadre du mécénat. Nous avons également deux chaires industrielles, cofinancées par l’ANR et nos partenaires Total et Safran, ainsi que trois chaires montées dans le cadre de l’institut 3IA (Institut Interdisciplinaire d’Intelligence Artificielle). Nous voulons développer les chaires, car ces outils permettent de s’inscrire sur le temps long, ce qui plait aux industriels. Ils plaisent également aux chercheurs, car ils préfèrent s’investir sur cinq ans plutôt que sur deux ou trois ans. 

Comment Polytechnique souhaite-t-il développer ses collaborations ?

L’École veut développer un nouveau « contrat de confiance » avec les entreprises. Ces dernières s’engageraient sur des roadmaps scientifiques et technologiques, de cinq à dix ans, en montant par exemple des laboratoires communs avec nos équipes de recherche. C’est sur ce temps long que nous arriverons à déployer des innovations importantes et significatives. C’est ce que nous avons réalisé avec Thalès, avec qui nous avons créé un laboratoire commun sur les nanosciences. C’est sur ce temps long que nous arriveront à déployer des innovations importantes et significatives. Nous les invitons également à participer aux « centres interdisciplinaires » qui seront créées avec nos partenaires d’IP Paris, à l’image du centre E4C.

D’autres centres sont-ils en préparation ?

Aujourd’hui deux centres sont prévus, un a été annoncé en 2019, E4C, et un autre sur la science des données a été annoncé cette année. Plusieurs industriels sont déjà partenaires de ces projets, par exemple sur la problématique de la transition énergétique et de la data. D’autres projets sont en préparation, un sur la sûreté et la sécurité des systèmes cyberphysiques, et un second sur la bio-ingénierie.

Est-ce que le X-Forum, où se rencontrent habituellement étudiants et entreprises, pourrait évoluer ?

Tout d’abord, le X-Forum a été reporté à janvier 2021. Nous réfléchissons actuellement avec les autres Écoles d’IP Paris à organiser un Forum mettant en relation recherche et entreprises. Nous voulons rassembler dans cette initiative les 30 laboratoires de l’Institut Polytechnique de Paris, et nous adresser aux directeurs de la recherche des entreprises. Nous réfléchissons aussi à créer un Forum des doctorants, pour 2021. Ils pourraient ainsi avoir accès à des propositions de projets de recherche, ou à des propositions de thèses avec des entreprises, et également à des offres d’emploi ciblés sur les jeunes docteurs. IP Paris contribuera par cet évènement à mieux valoriser en France le diplôme de PhD, le doctorat en sciences.

Propos recueillis par Florent Detroy

*L’Institut Polytechnique de Paris rassemble l’École polytechnique, l’Ensta Paris, l’Ensae Paris, Télécom Paris et Télécom SudParis

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