Le Réseau Curie plaide pour un nouveau rôle de la valorisation

22 juin 2020

Maylis Chusseau, présidente de la Satt Aquitaine Science Transfert et du Réseau Curie

En raison de la crise de Covid-19, le traditionnel Congrès Curie, réunion des professionnels de la valorisation, qui devait se tenir du 15 au 17 juin à Toulouse, a été annulé. Les membres du réseau ont toutefois été invités à plancher par visioconférence sur deux thèmes : le rôle de la valorisation dans le continuum recherche-entreprise et au sein des écosystèmes. Maylis Chusseau, présidente du Réseau Curie, organisateur du Congrès du même nom, nous livre les premières pistes d’évolution à l’issue de ces échanges.

POC Media. Comment le secteur de la valorisation se porte-t-il  ?

Maylis Chusseau. Nous constatons, tout d’abord, que les effectifs du secteur de la valorisation augmentent, ce qui est positif et génère davantage de revenus issus de la valorisation. Nous constatons aujourd’hui que la valorisation, ça fonctionne. D’ailleurs, en établissant un parallèle avec l’AUTM (Association of University Technology Managers, pendant américain du Réseau Curie), ramené à un euro investi en recherche, nous avons le même taux de start-up créées. Alors que des chercheurs américains déposent trois fois plus de déclarations d’invention.

Que manque-t-il au secteur français de la valorisation  ?

Aujourd’hui, dans le continuum qui va de la recherche jusqu’au monde socio-économique, la valorisation n’est pas suffisamment prise en compte. Pour faire évoluer cette situation, le valorisateur qui travaille aux côtés du chercheur doit être plus proactif, afin d’anticiper les étapes à venir. Il doit également être plus proactif auprès de l’État, et davantage être impliqué dans la définition des feuilles de route. Sur celle du quantique, par exemple, il est prévu de financer la recherche, mais pas les actions de valorisation associées. On pense que les résultats vont aller tout seul vers le marché ?

Comment impliquer davantage le valorisateur  ?

Quand des appels à projets sont lancés, par exemple avec les programmes LabCom de l’ANR avec des PME peu familières avec la recherche publique, pourquoi ne pas prévoir un financement pour s’assurer qu’il y a bien un marché derrière, des usages, une stratégie de propriété intellectuelle ? Il faut inclure l’expertise de la valorisation dans le financement, dès l’origine. D’ailleurs, il faut rester au plus près du chercheur et de l’entreprise, car celle-ci n’investit jamais dans la recherche uniquement.

Comment répondre aux attentes des entreprises  ?

Nous pouvons comparer notre action à de la rétro-ingénierie. Avoir la capacité à retranscrire les besoins du marché en termes technologiques puis scientifiques, et s’assurer que nous avons les compétences et la ressource pour le faire. Les instituts Carnot le font déjà très bien.

Quelles réflexions avez-vous menées autour des écosystèmes  ? 

Ce sujet fait aussi écho aux questions sur la place du valorisateur dans le continuum recherche-citoyen. La valorisation doit être portée dans les stratégies et politiques d’établissements, et se démarquer également au sein des ministères comme une action propre du continuum. Aujourd’hui, il serait opportun d’institutionnaliser le métier et les ressources associées.

Propos recueillis par Florent Detroy 

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