5G/6 G : France 2030 lance 10 programmes de recherche

10 juillet 2023

Jean-Noël Barrot, ministre de la Transition numérique

L’État a donné le coup d’envoi, lundi dernier, des Programmes et équipements prioritaires de recherche dédiés aux Réseaux du futur. Lancés dans les locaux d’IMT, à Saclay, en présence de du ministre de la Transition numérique, Jean-Noël Barrot, le PEPR, porté par le CNRS, le CEA et l’IMT, finance dix consortiums de recherche. Les trois pilotes du PEPR ont pris soin de mettre en avant les applications industrielles possibles des projets retenus, afin de faciliter autant que faire se peut leur adoption par les industriels.

Le PEPR « Réseaux du futur », première étape de la stratégie nationale d’accélération « 5G et réseaux du futur », est doté de 65 millions d’euros. Cette somme va financer, dans un premier temps, neuf projets de recherche et une plateforme, pour un budget de 38,5 millions d’euros. Le trio à la tête du PEPR va ensuite lancer un appel à projets à la rentrée prochaine, et un nouveau à la rentrée 2024, pour étoffer le nombre de travaux. Et pour s’assurer de ne rien rater, un AMI va également être mis en œuvre en septembre, pour explorer de nouveaux thèmes de recherche en lien avec les réseaux du futur. Le tout pour un total de 24,5 millions d’euros.

Ce plan s’inscrit dans la volonté de France 2030 de réindustrialiser la France et de retrouver une souveraineté sur certaines technologies d’avenir. « Un des atouts de la France sur les technologies 5G et 6G est que le pays est présent tout le long de la chaîne de valeur, du composant électronique jusqu’au cas d’usage », explique Daniel Kofman, co-directeur du PEPR pour l’IMT. Les projets sélectionnés concernent quatre thématiques : les architectures réseau, les briques technologiques, les systèmes « de bout en bout » et les plateformes. Un des verrous majeurs à lever est, notamment, le temps de latence. « Le facteur de latence est différenciateur. Lorsqu’on doit contrôler une usine, des délais courts ne sont pas négociables », souligne Daniel Kofman. Les autres projets abordent des verrous technologiques divers, comme le guidage des réseaux (beamforming), ou le pilotage des réseaux via l’IA, capable de les rendre plus autonomes.

Nous avons beaucoup échangé avec des économistes pour donner des prévisions sur les modèles d’affaires

Daniel Kofman

5G et applications industrielles

Les échanges lors de cette journée de lancement n’ont pas évité la problématique de l’adoption plus lente que prévue des technologies 5G par les utilisateurs. Disponibles pour les particuliers depuis plusieurs années, sans que les usages soient révolutionnés, les réseaux 5G peinent encore à pénétrer le monde professionnel. « La 5G a représenté un gain immédiat dans le secteur minier, par exemple, ou pour remplacer les applications recourant au WiFi en extérieur. Mais dans d’autres secteurs, il a été compliqué de “tout casser” », a noté Viktor Arvidsson, directeur de la stratégie chez Ericsson France. Une dizaine d’acteurs industriels seulement auraient mis en place un réseau 5G privé en France, a indiqué Philippe Herbert, auteur du rapport sur la mission 5G industrielle présenté l’année dernière.

Cette problématique a expliqué l’importance donnée aux enjeux sociétaux et environnementaux dans la sélection des projets de recherche. Le projet « JEN » (« Just Enough Networks ») porte par exemple sur le développement de réseaux mobiles « ajustés » aux besoins des utilisateurs, et capables ainsi de réduire la consommation énergétique. Le trio aux commandes du PEPR a également tenu à prendre en compte les enjeux industriels et économiques de chaque projet. « Nous avons beaucoup échangé avec des économistes pour donner des prévisions sur les modèles d’affaires », a ajouté Daniel Kofman.

Verrous technologiques de la 6G

En promettant de développer des réseaux avec une fréquence plus haute, une bande passante plus large et une consommation électrique réduite, le réseau 6G s’inscrit dans la continuité de la 5G. Plusieurs projets visent ainsi a développer les composants nécessaires pour assurer ces niveaux de performances. Le projet Systera vise par exemple à valider les premiers systèmes de communication utilisant des bandes de fréquences au-delà de 90 GHz. Mais la 6G laisse aussi entrevoir de nouvelles fonctionnalités. C’est le cas avec le concept d’ISAC (Integrated Sensing And Communication) qui pourrait transformer les communications en capteurs. Les réseaux 6G intégreront aussi plus massivement l’IA, facilitant plus encore leur pilotage. « Les réseaux 6G seront “IA-native”, comme la 5G a été “cloud-native” », a précisé Emmanuel Dotaro, directeur Cyber & ICT Labs chez Thales.

Une des applications de la 6G attendues par plusieurs participants industriels concerne le développement de « surfaces intelligentes », appelées RIS (reconfigurable intelligent surfaces) capables d’orienter le réseau 6G à travers un espace urbain. « Ce sont des sortes de miroirs qui peuvent être très utiles dans certains environnements complexes, comme Manhattan. Au lieu d’implanter plusieurs antennes pour assurer la couverture du quartier, nous pourrions faire réfléchir les ondes d’une seule antenne dans différentes directions grâce à ces miroirs, et limiter l’installation de nouveaux équipements », a exposé Jean Bolot, directeur de la recherche d’Orange au sein d’Orange Innovation. Un projet de développement de RIS est ainsi au cœur du projet Perseus, projet porté par près de cinq acteurs.

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