Bio3Institute : un centre de référence sur les biomédicaments en Centre-Val de Loire

25 juillet 2022

Afin de mener la transition des industries de santé dans la production de biomédicaments, l’Université de Tours et le Groupe IMT ont mis en place un centre de référence dans le domaine des métiers de la bioproduction. Avec son plateau technologique de 2500 m2, le Bio3Institute a trois missions principales : former, participer à l’accompagnement des équipes de recherche et mettre à disposition des équipements industriels pour réaliser des essais de développement de biomédicaments et bioactifs cosmétiques.

En décembre 2020, le dernier bilan dressé par le Comité stratégique de la filière Santé (CSF Santé) estimait que seulement huit biomédicaments étaient produits en France, sur un total de 167 approuvés dans l’UE par l’Agence européenne du médicament (EMA). La France se positionne derrière l’Italie (19 biomédicaments), l’Irlande (23), le Royaume-Uni (23) et l’Allemagne (26). Mais pourquoi ce retard ? Les principaux freins sont le manque d’investissements financiers et des dispositifs industriels inadaptés. Rattraper ce retard est d’autant plus important quand on sait que la part des biomédicaments dans le monde – ils pèsent aujourd’hui 30 % du marché mondial – représentera 50 % du top 100 des médicaments les plus prescrits dès 2025. Emmanuel Macron a établi, le 12 octobre 2021, un objectif de 20 biomédicaments produits sur le sol français dès 2030 dans le plan France 2030.

Le rôle du Bio3institute dans la filière biomédicaments

Dans le cadre du programme ARD 2020 Biomédicaments, la région Centre-Val de Loire s’est lancé un défi : faire émerger deux ou trois pôles de R&D d’envergure internationale. « 80 % de notre institut est dédié à la formation initiale et continue, 10 % à l’aide aux équipes universitaires et 10 % dans la mise à disposition des équipements industriels pour réaliser des essais de production. L’ARD 2020 s’est transformé en ARD CVL dans lequel un certain nombre de projets ont pu apparaître. Notre groupe IMT, en collaboration avec les universités, travaille actuellement sur l’élaboration de nouveaux outils de formation en e-learning », précise Francis Poisson, directeur du GIS Bio3 Institute.

Le groupe IMT, un organisme de formation spécialisé dans les métiers de production pour les industries pharmaceutiques, cosmétiques et biotechnologiques, est à l’origine de l’initiative formation du Bio3Institute. En 2016, sous l’impulsion d’un Plan investissement avenir de dix millions d’euros pour mettre sur pied un centre de formation dédié aux biomédicaments, le groupe IMT a apporté à l’Université de Tours son expertise de plateau technique appelé « usine-école ». L’ambition d’IMT est de former, depuis 1980, des étudiants ou des salariés, dans des salles de cours, mais aussi sur des plateaux techniques munis de l’ensemble des équipements retrouvés en industrie pharmaceutique. «Nos apprenants vont acquérir le savoir-être industriel», souligne Francis Poisson.

Pour information, l’IMT est le seul centre de formation en France qui dispense le cursus de bac+3 de technicien supérieur en bioproduction industrielle (TSBI). Par ailleurs, le Leem, l’organisation professionnelle des entreprises du médicament, affirme que d’ici à trois ans, une croissance de 67 % des effectifs est à prévoir pour les acteurs de la bioproduction.

Aujourd’hui, nous avons 20 % à 30 % de biomédicaments contre 80 % à 70 % de médicaments chimiques, et cette proportion va s’inverser dans les prochaines années

Francis Poisson

«Dans le Plan santé 2030, la France va injecter 7,5 milliards d’euros pour fabriquer dix biomédicaments d’ici à 2025 et vingt d’ici à 2030. Les industriels reçoivent des fonds et investissent également en masse pour construire des usines de production de biomédicaments. C’est le cas, par exemple, de GTP Tech à Toulouse et de Merck à Bordeaux. Il va donc falloir former des TSBI. Notre objectif est de pouvoir répondre à cette attente et nous devons recruter un maximum d’apprenants sur nos sites IMT de Tours, Lille, Évry et Lyon », poursuit Francis Poisson avant d’ajouter : « Aujourd’hui, nous avons 20 % à 30 % de biomédicaments contre 80 % à 70 % de médicaments chimiques, et cette proportion va s’inverser dans les prochaines années. On trouve de nouvelles applications pour les médicaments chimiques, mais pas de nouvelles molécules. Par contre, dans le domaine des biomédicaments, les chercheurs font des découvertes quotidiennement. L’un des rôles du Bio3Institute est d’intégrer industriellement des découvertes académiques. Les équipes universitaires se confrontent ainsi à des problématiques techniques de purification et de scale up, ainsi qu’aux contraintes réglementaires.»

Les défis du Bio3Institute

Le Bio3 travaille sur les problématiques industrielles apparues dans la chaîne de fabrication des biomédicaments. Lorsqu’on passe d’un flacon de quelques millilitres à un bioréacteur de 1000 L à 2000 L, de nombreuses difficultés sont rencontrées. «Il faut se confronter rapidement au scale up. Nous faisons évoluer les apprenants, les chercheurs et les salariés d’industrie du biomédicament dans un environnement proche de la réalité industrielle. C’est le GMP like ou Good Manufacturig Practises. Les produits élaborés au Bio3institute serviront essentiellement à la recherche, en phase préclinique», indique Francis Poisson. Autres activités du Bio3Institute : l’accueil d’industriels pour effectuer des essais sur les bioréacteurs ou lyophilisateurs et la formation, en entreprise, des salariés sur des techniques particulières comme le bionettoyage.

Nous sommes également ouverts pour collaborer avec des équipes de recherche travaillant sur la production de vaccin ou de molécules d’intérêts

Francis Poisson

Avec le labex MAbImprove® à Tours, le Bio3Institute a une connotation tournée vers les anticorps,  mais pas seulement. « Nous sommes capables de concevoir tous les types de protéines : anticorps, hormones, protéines de structure et enzymes. Nous sommes également ouverts pour collaborer avec des équipes de recherche travaillant sur la production de vaccin ou de molécules d’intérêts », rappelle le directeur du Bio3Institute.

En plus de l’appui à la recherche académique, le Bio3institute accompagne aussi des start-ups, PME et grands groupes. «Nous avons accueilli pendant deux ans une unité mixte de recherche Université de Tours-Servier qui a développé le bâtiment BioS, une structure fabriquant des biomédicaments. Nous avons formé des salariés pour accompagner sa montée en puissance et nous avons mis à disposition de l’équipe de recherche mixte nos équipements, pour qu’elle puisse trouver une cellule-usine capable de produire des anticorps bispécifiques.»

La France saura-t-elle relever le défi de la production de biomédicaments ? Pour Francis Poisson : «C’est la première fois que la France bénéficie d’un plan d’une telle envergure. Cependant, l’argent ne fait pas tout et il faut que l’ensemble de l’écosystème national s’organise pour obtenir les résultats escomptés. Sans oublier que nous devons continuer à travailler sur la réduction des coûts liés à la bioproduction.»

Prochaine étape pour le Centre-Val de Loire : la construction d’un HTS (Health Tech Station) à Tours, un incubateur-accélérateur de start-ups privé complétant l’écosystème biomédicament dans la région.

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