Dispositifs médicaux : trois laboratoires à la pointe de l’innovation

11 mai 2022

L’État a lancé en début d’année un vaste plan de soutien à la filière des dispositifs médicaux dans le cadre de France 2030 et Innovation Santé 2030. Financé à hauteur de 400 millions d’euros, il doit notamment soutenir l’innovation technologique et accompagner l’industrialisation des dispositifs inventés dans les centres de recherche, publics et privés.

Nous vous proposons de découvrir trois laboratoires de recherche publique qui se distinguent par la qualité de leurs projets de recherche et l’intensité de leurs échanges avec le monde socio-économique.

  • Le Grita : Une perfusion connectée aux signaux du patient

Le Groupe de recherche sur les formes injectables et les technologies associées (Université Lille/CHU Lille) est spécialisé dans les technologies de perfusions et de solutions injectables. Doté de plusieurs outils de mesure de pointe (spectrométrie de masse, diffraction laser, compteur à obscurité…), il a construit une expertise unique au monde concernant l’analyse de la toxicité des matériaux constituant les dispositifs médicaux, comme les plastiques, de la mesure de leur efficacité et du risque pour le patient. Le Grita est très proche des stades cliniques, avec un tiers de ses effectifs composés d’hospitaliers, ce qui les rend très sensibles aux enjeux de valorisation et de recherche partenariale.

L’équipe collabore ainsi avec des industriels du plastique pour faire évoluer leur formulation. De manière plus prospective, elle travaille également sur les nouvelles technologies de perfusions que l’essor des thérapies cellulaires ou géniques devrait bientôt faire naître. Le Grita mène aussi des recherches sur la microfluidique, pour réduire notamment le risque engendré par l’utilisation d’un dispositif médical. Par exemple, le groupe de recherche met au point, en partenariat, des « puces » pour tester, sur des cellules cultivées in vitro, les risques d’inflammation d’un produit ou d’une technique de perfusion, voire d’étudier les modifications génétiques de ces cellules.

Actuellement, le Grita développe un dispositif médical connecté qui adapte le débit d’une injection en fonction de la physiologie du patient. Le Grita cherche un partenaire pour poursuivre le développement de ce dispositif.

  • Le BMBI : un algorithme pour prévenir les accouchements prématurés

Le laboratoire Biomécanique et bio-ingénierie (Université de technologie de Compiègne/CNRS) est spécialiste d’ingénierie médicale. En s’appuyant sur ses compétences en biomécanique et en bio-ingénierie, il développe de nouveaux dispositifs pour prévenir, traiter ou diagnostiquer différentes pathologies. Ses recherches portent notamment sur : les troubles musculo-squelettiques, les maladies cardio-vasculaires, les problématiques métaboliques, notamment du foie.

Le laboratoire, dirigé par Cécile Legallais, travaille en particulier sur la mise au point d’innovations permettant de mieux suivre le vieillissement, l’altération du système musculo-squelettique ou, encore, certaines pathologies comme la myopathie. Il mène une partie de ses projets en collaboration avec le secteur clinique ou en partenariat avec des acteurs industriels. C’est le cas, par exemple, de GE Health avec qui il a développé des techniques d’elastographie (mesure de l’élasticité des tissus) et d’imagerie médicale en IRM, afin d’améliorer la détection de fibroses provoquées par la Covid-19. Le laboratoire a aussi noué un partenariat avec l’entreprise Fluigent, spécialiste de microfluidique, pour reconstruire des organes du foie sur des biopuces microfluidiques et procéder à des tests de toxicité.

Le projet le plus récent concerne le développement d’un dispositif de prévention des accouchements prématurés, via l’analyse du signal du muscle utérin. Ce dispositif pourrait permettre aux femmes enceintes de rester plus longtemps à leur domicile, sans être obligées de multiplier les allers et retours à l’hôpital. Il permet d’anticiper les accouchements à deux semaines. Le dispositif, d’un niveau de maturité TRL 4, doit encore se développer sur la partie des équipements. Mis au point, à l’origine, avec une entreprise hollandaise, le projet est développé actuellement avec le CHU d’Amiens. L’équipe responsable recherche un partenaire.

  • Le DTBS : un dispositif de mesure de la pression artérielle connecté

Le CEA possède des atouts majeurs en matière de recherche en santé, biologie et dispositifs médicaux. Une partie de ces compétences sont regroupées au sein du Département technologies pour la biologie et la santé du CEA Leti, la branche du CEA dédiée à l’électronique. L’équipe du DTBS opère sur quatre types de domaines : les capteurs, l’identification des pathologies, les tests et analyses sanguines, et, enfin, les organes sur puce. Les chercheurs travaillent plus particulièrement sur des dispositifs médicaux numériques, grâce à l’apport des compétences en électronique et numérique du CEA Leti.

Une des particularités du DTBS est de fonctionner comme une plateforme. Sa mission consiste à accompagner les équipes de recherche en santé du CEA Leti jusqu’aux stades cliniques, en suivant l’échelle des « CML » (Concept Maturity Level). Elle implique le plus tôt possible les différents acteurs des projets pour positionner rapidement des outils comme des dispositifs medicaux « by design », et accélérer ainsi le passage des différentes étapes de certification et de marché.

L’association des compétences en mesure, en software et en hardware, a déjà attiré de nombreux industriels. Ainsi, Urgo Tech a développé avec le DTBS le casque UrgoNight, un programme d’apprentissage du cerveau pour améliorer le sommeil. Le DTBS a également collaboré avec Diabeloop pour mettre au point son capteur de mesure de glucose et son algorithme autoapprenant associé à une pompe à insuline, à destination des patients atteints de diabète.

Actuellement, le DTBS travaille sur deux projets. Le premier concerne un système de micro-delivery de médicament, avec des mini-aiguilles. L’autre concerne un dispositif de mesure de la pression artérielle, sans brassard. Le projet est en cours de développement. « Nous devons encore déterminer le meilleur endroit où placer le composant, afin de suivre la pression. Il pourrait être intégré dans une montre par exemple », explique Alexandre Delalleau, responsable plateforme dispositifs médicaux du DTBS. Le dispositif aura le grade médical.

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