Franck Mouthon (France Biotech) : « Nous donnons la priorité aux innovations applicables en un mois »

30 mars 2020

Franck Mouthon, président de France Biotech, et pdg fondateur de la start-up Theranexus

Le président de l’association France Biotech a lancé, avec France Digitale, MedTech in France et AstraZeneca, un appel à projets pour répondre à l’engorgement actuel du système de soin. Les propositions d’innovation déposées sur une plateforme sont sélectionnées et financées en fonction des besoins exprimés par les acteurs de terrain. Franck Mouthon, qui anime un groupe de travail sur le transfert de technologies en santé, revient pour nous sur les besoins déjà exprimés par ces acteurs, et avance quelques pistes pour renforcer le transfert de technologies dans le domaine de la santé.

POC Media. Quel a été le déclencheur de cette initiative ?

Franck Mouthon. Ce sont les remontées des acteurs de terrain qui nous ont poussées à lancer cette initiative. Ils cherchaient, en particulier, à raccourcir le temps d’hospitalisation des patients atteints de maladies chroniques nécessitant des soins hospitaliers. Nous nous sommes alors rapprochés de France Digitale et de MedTech in France, et nous avons lancé un appel à manifestations d’intérêt (AMI). Puis, AstraZeneca nous a également rejoint pour transformer cet AMI en appel à projets. Aujourd’hui la coalition regroupe plus de 40 membres*, pour un budget de 2 millions d’euros.

Les projets sont déposés sur la plateforme Digital Pharma Lab (DPL). Comment la sélection des projets s’effectue-t-elle ?

La plateforme permet de filtrer les projets et de ne sélectionner que ceux qui correspondent au thème du désengorgement du système de soin. Nous donnons également la priorité aux innovations applicables en un mois. Les industriels décident ensuite de financer tel ou tel projet. Ils peuvent également aider à installer sur le terrain les innovations retenues. Nous avons lancé la coalition il y a près de 10 jours et nous avons déjà reçu 100 demandes de la part du terrain ; 200 projets ont été proposés par des start-up et PME innovantes en santé.

Quels types de demandes recevez-vous ?

L’AP-HP, par exemple, a formulé des demandes très précises sur les pousse-seringues, les saturomètres (dispositif mesurant le niveau d’oxygène dans le sang et utilisé, notamment, pour les maladies respiratoires) ou, encore, sur l’organisation des parcours des soins. Les praticiens se posent, entre autres, la question de savoir comment gérer à distance la période entre le 4ème et le 7ème jour d’infection Covid-19, pendant laquelle l’hospitalisation est envisagée pour certains patients. Nous avons également eu des demandes de solutions pour prendre en charge en ambulatoire les douleurs chroniques résistantes traitées jusqu’ici uniquement à l’hôpital. Actuellement, les patients ne peuvent plus aller à l’hôpital et doivent vivre avec leur douleur. Nous avons également reçu des demandes sur comment mieux connaître le nombre de lits disponibles dans les cliniques situées aux alentours des hôpitaux.

« Certains laboratoires souhaitent disposer de dispositifs médicaux spécifiques »

Avez-vous un objectif de projets sélectionnés ?

Il n’y a pas d’objectif. Ce serait bien d’atteindre 30 projets dans le mois. Concernant le budget de l’appel à projets, la BPI et l’EIT Health nous accompagnent et ils pourront également accompagner les start-up et PME sélectionnées via leurs outils classiques de financement, comme les aides à l’innovation.

« La mise en place d’une stratégie de partage des besoins et des ressources serait bénéfique »

Vous êtes à l’origine de l’« Observatoire du transfert de technologies en santé ». Comment faire pour que la recherche soit plus réactive face à ce type de crise ?

Les OTT (offices du transfert de technologies) sont chargés de mieux identifier les recherches des laboratoires, mais elles ont peu d’occasions de faire remonter les besoins. C’est une piste à explorer. La mise en place d’une stratégie de partage des besoins et des ressources serait également bénéfique. Il serait intéressant, par exemple, de mutualiser les compétences sectorielles locales et les actifs valorisables de ces différents acteurs, pour envisager des consolidations de portefeuille. Ce rapprochement permettrait par exemple à une entreprise qui se crée à Marseille de collaborer avec la Satt d’une autre région. J’espère que cette période, avec cette forte mobilisation collective, va nous aider à aller vers ce type d’initiative.

Propos recueillis par Florent Detroy

* Dont Novartis, Sanofi, Servier, Ipsen, UCB, le LEEM, Le G5 Santé, Urgo, La Cooper, Vivalto Santé, l’AFSSI, le Sidiv, le Snitem, PactePME, les pôles Atlanpole Biothérapies, Biovalley France, Clubster NSL, Eurobiomed, LyonBiopôle, Medicen Paris Région, Angels santé.

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