Régis de Montigny (Université G.Eiffel) : « Nous voulons ouvrir les équipements de l’université aux entreprises »

17 février 2020

L’Ifsttar et l’université Paris-Est Marne-la-Vallée (Upem) ont fusionné le 1er janvier dernier pour former l’université Gustave Eiffel. En associant quatre autres écoles* à leur projet, cette nouvelle université devient le premier établissement spécifiquement dédié à une thématique : la ville et le transport. Le nouvel organisme veut utiliser sa nouvelle force de frappe au niveau national pour devenir le partenaire majeur des entreprises sur ces domaines de recherche.

Rencontre avec Régis de Montigny, vice-président adjoint partenariats et professionnalisation, et Hugues Vialletel, responsable du service innovation, transfert technologique et entrepreneuriat de l’université Gustave Eiffel.

POC Media : Qu’apporte cette fusion en matière de partenariats avec les entreprises ?

Hugues Vialletel : Cette fusion permet d’abord de créer une université nationale, avec six campus différents (Paris, Villeneuve-d’Ascq, Lyon, Nantes, Marseille et Versailles), et une vingtaine de centres de recherche. Les implantations régionales nous permettent d’être reliés aux écosystèmes de la recherche et des entreprises de ces villes. Par exemple, nous serons reliés à la future communauté d’universités et établissements (Comue) de l’université de Lyon. Nous allons ainsi pouvoir développer de nouvelles relations avec les entreprises. C’est le cas pour Eiffage, avec qui l’Ifsttar avait déjà un partenariat pour la branche Infrastructures ; l’université Gustave Eiffel a élargi ce partenariat aux autres branches du groupe (Construction, Aménagement…).

L’autre objectif de la fusion est de capitaliser sur nos partenariats, et d’augmenter nos participations dans les projets européens. Il est clair que le statut d’université parle davantage à nos partenaires étrangers qu’un EPST (établissement public à caractère scientifique et technologique).

Sur quel type de projets de recherche l’université se positionne-t-elle ?

Régis de Montigny : L’université se positionne comme un intégrateur de technologies, capable d’intervenir sur des projets de recherche allant jusqu’à des TRL de 5 à 6. La fusion a déplacé le centre de gravité du domaine de la recherche du secteur des infrastructures et des mobilités vers des recherches plus larges autour de la ville durable. Cette évolution devrait motiver un plus grand nombre de partenaires économiques à travailler avec l’université qui possède désormais cette spécificité.

Nous souhaitons renforcer les collaborations autour des sciences sociales

Hugues Vialletel

Quelles nouvelles compétences souhaitez-vous mettre en avant vis-à-vis de vos partenaires économiques ?

H. V. : Nous souhaitons renforcer les collaborations autour des sciences sociales en développant nos prestations auprès des acteurs industriels. Intégrer les SHS permet de couvrir des champs bien plus larges, comme les comportements des individus dans une voiture. Par exemple, concernant la voiture autonome, l’apport des SHS nous aide à travailler sur l’ergonomie intérieure et l’acceptabilité dans son ensemble. Nous sentons d’ailleurs l’appétence de quelques grands groupes, comme Toyota, pour une vision plus large, polytechnique et polyculturelle de la recherche sur le véhicule autonome.

R. M. : Nous voulons également ouvrir les équipements de l’université aux entreprises. Après un recensement, nous avons identifié sept grands équipements que nous pourrions louer aux industriels pour qu’ils puissent venir tester leurs projets. C’est, par exemple, le cas de Sense-City, à Marne-la-Vallée. Il s’agit d’une chambre climatique de 400 m2 où nous reproduisons les conditions climatiques en ville (brouillard, pluie…). Egis est venu tester, en 2019, un démonstrateur d’îlot de fraîcheur. Nous avons également ouvert aux industriels Transpolis, un site d’essais près de Lyon, ainsi que notre « manège de la fatigue » [piste d’essai accéléré sur chaussées] installée à Nantes.

Nous sommes, par ailleurs, en train de construire un smart grid en collaboration avec l’université de Lyon. Cet équipement, constitué de deux plateformes expérimentales mutualisées (une à Lyon, une à Transpolis, dans l’Ain), permettra de valider des réseaux intelligents pour une transition énergétique au service de l’électromobilité et des bâtiments.

La valorisation de la recherche est-elle une priorité pour l’université ?

H. V. : La priorité consiste, tout d’abord, à mettre en commun nos expériences et nos moyens pour développer cette valorisation. Ensuite, nous souhaitons créer de l’appétence chez nos chercheurs-étudiants pour la création d’entreprise. Par exemple, l’Upem était déjà doté d’un incubateur et l’université pourra donc s’appuyer sur cette structure. Nous allons également renforcer notre partenariat avec la Satt Erganeo, dont l’Upem faisait partie, pour améliorer la gestion du domaine des brevets et licences. Notre objectif est ainsi de créer deux start-up par an.

Propos recueillis par Florent Detroy


*L’Esiee Paris (École de l’innovation technologique), l’EIVP (École des ingénieurs de la Ville de Paris), l’ENSAVT (École d’architecture de la ville et des territoires à Marne-la-Vallée) et l’ENSG (École nationale supérieure de géographie).

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