La start-up GenF souhaite créer un hub de la fusion nucléaire à Bordeaux

4 juin 2025

La start-up GenF, spin-off inaugurée par Thales le 15 mai dernier, veut s’imposer sur le marché prometteur de la fusion nucléaire par confinement inertiel. Pour cela, d’ici à 2028, elle souhaite créer près de Bordeaux un « fusion hub » dédié à cette technologie.

Amorcée en France en 2023 à l’occasion d’un appel à projets sur les « réacteurs nucléaires innovants », la dynamique autour des start-up du nucléaire ne s’essouffle pas. Pour preuve, elle donne naissance à un nouveau venu sur le marché : GenF. Cette start-up est issue des laboratoires de Thales, spécialiste des lasers, et a profité des des collaborations multiples du groupe avec le monde académique.

GenF développe une technologie de fusion nucléaire proche de celle mise en place à travers le projet Iter. Il s’agit de reproduire les conditions thermonucléaires présentes dans le soleil pour comprimer la matière et générer ainsi de l’énergie. Ce procédé présente beaucoup plus d’avantages que les technologies de fission actuellement développée par des start-up. « La fusion engendre quatre fois plus d’énergie que la fission, elle est totalement décarbonée et ne produit pas de déchets », explique Yann Gérard, dirigeant de GenF.

La start-up a néanmoins conçu une version différente de la technologie d’Iter (fusion par confinement magnétique), puisqu’il s’agit de fusion par confinement inertiel (ICF). « Il s’agit d’irradier une bille contenant notamment du deutérium, similaire à un grain de poivre, avec des faisceaux laser. Cela crée un plasma, comprimant la capsule », détaille Yann Gérard. Cette méthode, qui a atteint un niveau de TRL de 4, présente des avantages par rapport à la fusion par confinement magnétique. « La technologie ICF a déjà prouvé qu’elle pouvait dépasser la ligne de Lawson, seuil où elle produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme », souligne le scientifique.

L’industrialisation est plutôt simple, car tous les composants ne sont pas imbriqués dans notre réacteur

Yann Gérard

Création d’un hub dédié

Le réacteur, baptisé Taranis, est actuellement au stade de développement. La start-up se montre relativement confiante dans la montée en maturité de son projet. « L’industrialisation est plutôt simple, car tous les composants ne sont pas imbriqués dans notre réacteur », rappelle Yann Gérard. GenF ne pourra pourtant pas développer seul tous les éléments nécessaires au fonctionnement du réacteur. En plus des compétences de Thales, Yann Gérard a été directeur de la stratégie des activités optroniques de Thales, la start-up a noué plusieurs partenariats avec des organismes de recherche, commele Centre d’études scientifiques et techniques d’Aquitaine (CESTA-CEA) ou le Laboratoire pour l’utilisation des lasers intenses (Luli).

Le partenariat le plus important d’entre eux concerne CEA-DAM à Bordeaux, qui a ouvert les portes du Laser mégajoule à la start-up. Le CEA exploite cet équipement principalement dans le cadre de la simulation des essais nucléaires français. Il va mettre à disposition de GenF ses capacités de simulation. La start-up pourra ainsi mettre au point un jumeau numérique de son réacteur, pour accompagner son développement. Cet accès représente un atout sérieux pour la start-up. Seuls deux équipements de ce type existent dans le monde ; l’un des deux, situé aux États-Unis, n’est, a priori, pas accessible aux acteurs privés.

La start-up noue aussi des partenariats avec d’autres acteurs industriels. Installée depuis mi-mai au Barp, à Bordeaux, elle souhaite ainsi poser les bases d’un véritable « hub de la fusion » autour de sa technologie. Une des problématiques qui doit être traitée par ses collaborateurs sera, par exemple, la fourniture de combustible à des coûts acceptables. « Il va falloir assurer l’approvisionnement des billes de deutérium, que le réacteur va consommer à grande vitesse. » La start-up entand aussi proposer des « temps de faisceaux » disponibles à d’autres entreprises.

Une électricité sous les 100 € le mégawattheure

GenF va se concentrer dans un premier temps sur la mise au point de son jumeau numérique jusqu’en 2027, en s’appuyant sur les installations du LMJ. Puis, elle suivra la maturation des différentes technologies, jusqu’à la mise au point d’un prototype d’ici à 2035.

GenF vise une commercialisation de son réacteur de 1000 MW d’ici à 2040, ce qui permet, entre temps, de préparer les marchés sur lesquels elle souhaite se positionner. À rebours de certaines start-up qui visent des applications spécialisées de leurs réacteurs dans la production industrielle ou les sites isolés, GenF souhaite adresser le marché de l’électricité, en alimentant les réseaux d’électricité. Avec un coût accessible : elle vise un Mégawattheure en dessous des 100 €.

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