L’Institut national du cancer ouvre ses données pour soutenir la recherche public/privé

20 septembre 2021

Intervenants lors de la conférence de presse de lancement de l’association : le professeur Norbert Ifrah, Thierry Breton (Inca), Philippe-Jean Bousquet (Institut Cancer), Clarisse Lhoste (MSD France) et Marco Fiorini (ARIIS)

Une nouvelle association, Filière Intelligence Artificielle et Cancer, vient de naître. Elle réunit industriels et des académiques autour de la base de données de l’Institut national du cancer. Cette dernière sera mise à contribution pour les projets portés par les sociétés qui devront, en contrepartie, l’enrichir.

« Elle a le potentiel pour être unique au monde. » Marco Fiorini, délégué général de l’Alliance pour la recherche et l’innovation des industries de santé (ARIIS), ne tarit pas d’éloges sur la base de données hébergée par l’Institut national du Cancer (Inca). Outre sa spécificité liée à l’oncologie, cet outil possède une autre particularité majeure. « Nous avons une autorisation spéciale de la Cnil pour cumuler une profondeur de données sur vingt ans, au lieu de sept habituellement », témoigne Thierry Breton, directeur général de l’Inca. Le recensement des données se veut le plus exhaustif possible, sans sélection. Autant dire qu’elle a de quoi attirer les convoitises dans ce domaine des données médicales, aujourd’hui en pleine émergence. Depuis 2016, l’Inca travaille à ajouter de nouvelles sources d’informations pour compléter son outil. Après deux ans de réflexion, l’association Filière IA et cancer vient de voir le jour dans cet objectif. Elle réunit autour de l’Inca, sept industriels (Amgen, AstraZeneca, Janssen, MSD France, Novartis, Pfizer et Pierre Fabre), France Biotech, le Health Data Hub, et l’ARIIS.

La propriété intellectuelle pour les industriels

Cette association ambitionne de porter 50 projets d’ici à cinq ans, en utilisant les données de la plateforme pour répondre aux questions des industriels. « L’association ne servira pas de passe-droit pour l’accès aux données. Tout projet passera devant le conseil d’administration de l’association, la Cnil, le Cesrees i et le conseil scientifique de la plateforme en elle-même, témoigne Thierry Breton. Ces évaluations peuvent prendre du temps, mais sont nécessaires pour jouer notre rôle de tiers de confiance ».

Ce sont les industriels qui engrangeront la propriété intellectuelle émanant des projets portés. En contrepartie, les données générées par ces derniers viendront enrichir la plateforme de l’Inca, et pourront ainsi servir des initiatives académiques. « Ces projets industriels déboucheront également sur la conception de modules capables d’examiner certaines données spécifiquement, comme les rapports d’analyse moléculaire. Ces outils pourront ensuite être réutilisés pour répondre à de nouvelles questions », complète Thierry Breton. De la prévention (dépistage) au traitement, en passant par le diagnostic, tous les pans de la recherche en oncologie bénéficieront de ces projets.

Une place pour les start-up

L’association est aujourd’hui financée à hauteur de 16 M€, la moitié provenant de Bpifrance, l’autre des industriels apportant chacun 1 M€. Les start-up, elles, devront trouver leur place entre ces grandes puissances publiques et privées. « Les biotechs seront représentées au conseil d’administration par France Biotech. De leur côté, les start-ups engagées dans le numérique seront au cœur des projets, car une fois le dataset constitué, les industriels de santé les solliciteront pour leurs technologies et savoir-faire analytique. La réussite des projets pourra ainsi leur conférer une grande visibilité auprès de ces sociétés internationales », détaille Marco Fiorini.

De son côté, Thierry Breton se projette sur l’avenir, avec des projets portés directement par les start-ups. « Nous ne pouvons pas leur demander le même effort financier. Pour suivre notre logique de filière et les intégrer, nous devrons rendre, au fur et à mesure, notre base financièrement plus accessible ». Démocratiser l’accès aux données sera l’un des défis des années à venir, afin que, véritablement, l’ensemble des acteurs de la Filière IA et cancer puisse bénéficier de cette base unique.

i Comité éthique et scientifique pour les recherches, les études et les évaluations dans le domaine de la santé

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