L’IRT SystemX pousse les technologies IA du plateau de Saclay

7 février 2020

L’Institut de recherche technologique du plateau de Saclay, spécialiste du numérique, vient de lancer un nouveau programme baptisé IA2 sur l’intelligence artificielle « hybride ». Particularité : c’est l’IRT qui a pris l’initiative de s’adresser aux industriels. Une démarche qui devrait être pérennisée, et qui pourrait participer à rendre les travaux scientifiques des laboratoires de Saclay plus accessibles aux entreprises.

L’IRT SystemX veut « hybrider » les technologies. Jusqu’ici, l’intelligence artificielle utilisée par la plupart des industriels est entraînée essentiellement sur des jeux de données. Une nouvelle approche est en train d’émerger, consistant à associer cette technologie aux modèles classiques de modélisation physique et à la connaissances des métiers et des experts. Cette « hybridation » des connaissances doit permettre de répondre à plusieurs verrous rencontrés par les acteurs chargés du développement de systèmes complexes pour l’industrie. L’autre intérêt de cette approche « hybride », selon Paul Labrogère, directeur général de l’IRT SystemX, est de « dé-siloter » les organisations de ces acteurs. Les spécialistes du numérique en particulier sont donc amenés à collaborer avec d’autres métiers.

Dans le cadre de ce programme IA2, six projets vont être lancés pendant l’année, regroupant entre trois et cinq partenaires industriels, grands groupes comme PME. Le premier projet, « Hybridation, simulation, apprentissage », a été lancé le 4 février dernier, et porte sur l’association des codes de calculs industriels à des modèles d’apprentissage sur des données. EDF et RTE, entre autres, y participent. Chaque projet vise à « faire sauter » un verrou technologique précis et commun à plusieurs industriels de filières différentes.

L’IRT se met au « techno-push »

Le programme IA2 est unique pour l’IRT, car c’est la première fois que l’Institut propose une technologie aux industriels. « Habituellement, les industriels viennent nous voir avec leur problématique, et nous imaginons avec eux des cas d’usages. Dans celui-ci, nous avions la conviction qu’il y avait quelque chose à faire sur l’intelligence artificielle hybride. Nous avons été ‘’scientific puch’’ : nous avons commencé à ‘’drafter’’ plusieurs projets, puis nous avons rassemblé des partenaires pour le leur présenter. Ils ont été intéressés, car ils rencontraient de leur côté des problèmes de résultats avec leur IA » détaille Patrice Aknin, directeur scientifique de l’Institut.

Cette démarche offre davantage de visibilité aux travaux des nombreux laboratoires compétents en intelligence artificielle installés sur le plateau de Saclay. Près d’une dizaine de laboratoires en tout devraient être impliqués dans les différents projets. Pour l’IRT, c’est aussi un autre moyen de valoriser différemment ses travaux. « Nous pourrons valoriser les travaux de recherche en déposant des brevets, mais aussi en construisant des plateformes que nous pourrions pérenniser », explique Abdelkrim Doufene, directeur de la stratégie et des programmes de l’IRT (voir interview ci-dessous). La plateforme Mosar, sur le véhicule autonome, a, par exemple été pérennisée à la suite d’un projet de l’IRT.

Trois questions à Abdelkrim Doufene, directeur Stratégie et Programmes de l’IRT SystemX

L’IRT teste l’approche « techno-puch » avec ce programme. N’y-a-t-il pas un risque que l’institut s’éloigne de sa mission initiale ?

Les industriels sont forces de proposition dans tous les cas, mais cette évolution démontre notre maturité et la capacité à bien comprendre et formuler leurs problématiques à partir des cas d’usages.

Ce type d’initiative va-t-il se reproduire ?

Nous allons lancer une initiative sur la blockchain, ce sera également une initiative « science-push ». Nos propositions de sujets permettent d’alimenter la réflexion des industriels sur leurs verrous technologiques. Nous pensons que la blockchain pourrait susciter cet intérêt.

Que vous demandent les industriels, pour améliorer vos collaborations ?

Ils nous demandent de travailler davantage « en spirale », en nous inspirant des modèles américains. Ce modèle demande de partir des attentes, puis d’aller vers la production d’un Poc (« prof of concept »). Il faut ensuite le raffiner avec les connaissances scientifiques, puis viser ensuite un MVP (« most viable product »). Le changement important, c’est que nous ne visons plus le produit final dès le début du projet.

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