Le PUI Bordeaux soutient l’innovation dans quatre filières stratégiques

Le PUI Bordeaux souhaite continuer à structurer l’innovation de l’écosystème bordelais, en s’inscrivant dans la lignée du programme InnovationS, de l’appel ExcellenceS. Ses 16 membres fondateurs veulent ainsi s’adresser plus efficacement au monde socio-économique en rendant visible son offre de prestations aux entreprises et s’organisant autour de quatre filières stratégiques.
Doté d’un budget total de 12,2 millions d’euros (dont 5,8 M€ d’aides publiques), le Pôle universitaire d’innovation Bordeaux s’est fixé pour ambition de créer une organisation collective en vue de convertir des résultats de recherche en solutions à impact technologique, social et environnemental. Piloté par l’Université de Bordeaux, le consortium du PUI regroupe 15 autres entités fondatrices (14 académiques et deux filiales)* ainsi que 34 partenaires associés. « La structuration du comité de pilotage du PUI (dénommé “comité innovation” sur le site bordelais) a été facilitée, car l’écosystème académique bordelais a été retenu, dès 2021, dans le cadre de l’appel à projets ExcellencES de France 2030, qui vise à reconnaître une recherche de pointe. Nous avons été financés à hauteur de 24,4 M€ sur sept ans, et nous avons choisi le thème de l’innovation initié par le programme InnovationS », détaille Antoine Bouteilly, directeur du développement par l’innovation, l’entrepreneuriat et le lien avec les acteurs socio-économiques (Diese) à l’Université de Bordeaux. Compte tenu du déploiement de deux plans pluriannuels d’action concernant l’innovation sur le territoire bordelais, les membres du consortium ont décidé d’axer le programme InnovationS sur la sensibilisation et la détection, tandis que le PUI priorise davantage l’accélération de l’innovation vers le monde socio-économique.
Résultats de l’auto-diagnostic
L’auto-diagnostic effectué lors de la création du PUI a mis en lumière plusieurs points d’améliorations au sein de l’écosystème de recherche et d’innovation bordelais. « Il y a notamment des améliorations à apporter sur la sensibilisation des chercheurs ainsi qu’un manque de visibilité externe des compétences académiques et de l’offre de services », précise Antoine Bouteilly Avant d’ajouter : « Nous avons également identifié une mise en avant du rôle des sciences humaines et sociales dans l’innovation, ainsi qu’un manque de lisibilité des actions de l’écosystème. »
Pour pallier ces manques, Le PUI Bordeaux a déployé un plan d’action s’articulant sur trois axes et se déclinant en 24 actions concrètes portées par les fondateurs. Le premier volet, dénommé Tiss’Innovation, vise à mettre en place, entre fondateurs, des scènes de discussion, des process et des outils pour mieux travailler ensemble et en confiance. Sur le deuxième volet (dénommé Déclic’Innovation), l’idée est de mener des actions sur la prospective et la communication pour inciter à collaborer. Le dernier volet du plan d’action du PUI, dénommé Impuls’Innovation, veut créer de nouveaux dispositifs pour mieux valoriser les travaux de recherche sur les marchés.
Sensibilisation les chercheurs
Parmi les différentes actions, plusieurs se concentrent sur la sensibilisation des chercheurs à l’innovation. Les membres du PUI ont d’abord pu s’appuyer sur le déploiement de chargés d’innovation déjà en place grâce aux fonds du programme InnovationS. « Nous avons recruté ces chargés d’innovation qui sont tournés vers les laboratoires. Ils ont pour mission de sensibiliser les chercheurs à la valorisation de leurs recherches sur le marché, de détecter et de faire émerger des projets d’innovation », décrit Antoine Bouteilly. Dans le cadre du PUI, un nouveau dispositif a été ajouté, afin que les chercheurs puissent mieux appréhender le marché. « Pour favoriser l’entrepreneuriat des chercheurs, nous avons notamment déployé l’action “Entrepreneurs en résidence” : il s’agit de mettre en immersion dans les laboratoires des entrepreneurs ayant eux-mêmes une formation académique de haut niveau afin qu’ils puissent détecter des projets à fort potentiel, voire sensibiliser et orienter les chercheurs », indique Yann Mondon, directeur marketing et communication d’Aquitaine Science Transfert.
Accompagner l’entrepreneuriat
Sur le volet de la création de start-up, le PUI Bordeaux a mené plusieurs initiatives, parmi lesquelles un « hackafonds ». « À la manière d’un hackathon, nous organisons une rencontre entre des chercheurs et des fonds d’investissement, qui peuvent ainsi échanger sur des résultats de recherche très précoces. De plus, cela aide les équipes académiques à mieux connaître le volet financement par fonds privés », rappelle Alexandre Drouin, directeur du transfert de la SATT Aquitaine.
À la manière d’un hackathon, nous organisons une rencontre entre des chercheurs et des fonds d’investissement
Alexandre Drouin
En outre, l’Adera a déployé un programme ante-création de start-up dénommé Tremplin, en parallèle du parcours classique d’incubation de projet. « Cette cellule de transfert temporaire permet aux porteurs de projets de tester le marché durant 12 à 24 mois, en vue d’obtenir une preuve de concept », poursuit Yann Mondon. Le nombre d’entreprises innovantes issues de recherche constitue un véritable enjeu pour le PUI Bordeaux, qui va mener d’autres actions pour favoriser l’entrepreneuriat des étudiants. « Nous allons tenter d’inciter davantage de doctorants à se présenter aux concours i-PhD et i-Lab, ou à s’inscrire dans le challenge Mature Your PhD+. De plus, nous allons sensibiliser les étudiants dès le niveau master, en particulier aux différents dispositifs d’accompagnement comme UbeeLab », conclut Alexandre Drouin.
Des cellules de transfert dans les laboratoires
Les actions lancées dans le cadre du dernier volet Impulse’Innovation, porté par l’Adera et la SATT Aquitaine Science Transfert, consistent à multiplier les collaborations ou prestations de recherche public-privé et la création et/ou l’accompagnement de start-up deeptech. Pour favoriser la recherche collaborative avec le monde socio-économique, le PUI Bordeaux entend notamment travailler sur une stratégie partenariale coconstruite, harmoniser la politique tarifaire des différents membres, et développer de nouveaux modèles de collaborations. Dans ce cadre, les laboratoires ont la possibilité de créer des « cellules de transfert technologique », en collaboration avec l’Adera. Ces CTT aident à faire l’interface entre le laboratoire et les entreprises, pour proposer des prestations d’accès à leur plateforme technologique. « À ce jour, il y a une trentaine de CTT au sein du PUI, et le nombre devrait continuer à s’accroître. Nous allons déployer prochainement une “école des CTT”, qui va permettre aux responsables de ces plateformes de se former au marketing et au pricing de leur offre », indique Antoine Bouteilly.
Nous allons déployer prochainement une “école des CTT”
Antoine Bouteilly
Toujours dans le cadre d’Impulse’Innovation, des chargés de filières (CHAF) — à ne pas confondre avec les chargés d’innovation du programme InnovationS — ont été déployés auprès de pôles de compétitivité qui incarnent les filières industrielles, pour comprendre leurs besoins et orienter les laboratoires. « Quatre filières pilotes ont été identifiées : le vinicole/viticole et les forêts ; la santé (oncologie en particulier) ; le numérique responsable ; et la chimie des matériaux. Ce système de CHAF a été inspiré de ce qu’il y avait en place dans le secteur aérospatial », détaille Antoine Bouteilly. Ces CHAF seront également chargés d’effectuer de la veille stratégique sur le monde socio-économique, en lien avec les pôles de compétitivité. Un état des lieux des compétences disponibles sera dressé et un accompagnement des laboratoires pour réfléchir à leurs feuilles de route d’innovation sera mis en place.
*Les 16 fondateurs du PUI Bordeaux : l’Université de Bordeaux (chef de file), le CNRS, l’Inserm, l’INRAE, l’Inria, Bordeaux INP, Sciences Po Bordeaux, Bordeaux Sciences Agro, l’Institut d’Optique Graduate School, l’École supérieure des Technologies industrielles avancées (Estia), le CHU de Bordeaux, l’École nationale supérieure des Arts et Métiers, l’Université Bordeaux Montaigne, l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux, la SATT Aquitaine Science Transfert et l’Adera.
Bpifrance, acteur clef des Pôles universitaires d’innovation
Bpifrance intervient comme opérateur pour le compte du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du Secrétariat général pour l’investissement dans la mise en œuvre du programme des Pôles Universitaires d’Innovation (PUI). Son rôle est d’appuyer le déploiement de ce programme à travers un dispositif d’accompagnement collectif. Celui-ci vise à faciliter les échanges entre les différents PUI, mutualiser les outils, documenter les pratiques et identifier les besoins communs.
En 2024, cette mission s’est concrétisée par la création d’une plateforme en ligne, des webinaires réguliers et des groupes de travail. En 2025, l’objectif est de structurer davantage cet accompagnement autour de cinq priorités : la formation des équipes, l’outillage numérique, le pilotage et l’amélioration continue, la lisibilité du programme, et l’articulation avec les politiques locales et nationales. Bpifrance coordonne l’ensemble de ce dispositif, sans intervenir directement dans les choix opérationnels des PUI.
Trois questions à Antoine Bouteilly, directeur du développement par l’innovation, l’entrepreneuriat et le lien avec les acteurs socio-économiques (Diese) à l’université de Bordeaux
Qu’est-ce qui distingue le PUI Bordeaux ?
Le PUI Bordeaux s’inscrit dans un vaste plan de stimulation de l’innovation, complétant le programme InnovationS dans le cadre de l’appel ExcellencES. Dans ce cadre, le PUI Bordeaux se focalise principalement sur la valorisation des recherches issues de l’écosystème bordelais, laissant la partie acculturation des chercheurs et financements de projets d’innovation au programme InnovationS. De plus, des dispositifs nouveaux ciblant des filières thématiques pilotes sont déployés au sein du PUI, permettant une meilleure collaboration spécifique avec les acteurs du territoire.
Les financements du PUI s’achèvent dans trois ans. À quoi ressemblera le PUI à ce moment-là ?
Nous avons structuré notre écosystème de telle sorte à présenter une offre claire de recherche partenariale. Cette organisation, couplée avec la présence de cellules de transfert technologique, des chargés de filières, permettra de favoriser les collaborations avec les entreprises du territoire, sous diverses formes (prestation de service, Cifre, LabCom, etc.).
Quels facteurs détermineront si le PUI est un succès ou un échec ?
Le PUI sera un succès s’il parvient à fédérer tout l’écosystème régional, de la formation jusqu’à l’industrie, au service de la création de valeur et d’impact sur le territoire. Et ce, aussi bien au niveau de la technologie que des sciences humaines et sociales.