Thomas Coudreau (Sorbonne Université) : « Nous voulons que les chercheurs se posent la question de l’entrepreneuriat le plus tôt possible »

13 juin 2022

Sorbonne Université fait partie des premières universités de France dans le domaine de la recherche. L’établissement, labellisé IDEX et membre du réseau UDICE, a également accordé très tôt une attention particulière au transfert de technologies et à l’innovation. L’établissement souhaite aujourd’hui poursuivre le développement de ce pan d’activités en resserrant ses liens avec ses partenaires. Elle s’appuie pour cela sur son label « Pôle universitaire d’innovation » (PUI), l’inauguration prochaine d’un tiers-lieu dédié à l’innovation. Les résultats de plusieurs appels à projets, cette année, devraient permettre à l’établissement de passer une étape concernant la valorisation. Thomas Coudreau, directeur de la recherche et de l’innovation de Sorbonne Université, revient pour POC Media sur les ambitions renouvelées de l’établissement en matière d’innovation.

Comment votre stratégie sur l’innovation s’est-elle développée  ?

La recherche effectuée au sein des laboratoires de Sorbonne Université peut être fondamentale, mais nous sommes toujours restés connectés à la société. Nous avons créé dès 2002 notre département dédié aux partenariats. Depuis 2018, l’établissement a fait le choix de réunir les portefeuilles de la recherche et de l’innovation sous la responsabilité d’une unique vice-présidente. Outre une direction interfacultaire, chaque faculté est dotée d’une structure consacrée à la recherche et à la valorisation. Toutes les unités de recherche gérées par Sorbonne Université peuvent faire appel à des responsables du développement, à des partenariats attitrés et à plusieurs personnes chargées de la préparation des contrats de collaborations, notamment à l’intention des acteurs économiques. Enfin, nous avons créé SUMMIT début 2021, notre cellule de prestations de recherche à destination des entreprises issue de nos deux instituts Tremplin Carnot (INTERFACES et SMILES). Elle est spécialisée sur l’ingénierie en santé et sur la modélisation, mais nous souhaitons élargir ses domaines d’intervention.

Paris Parc accueillera la Satt Lutech, l’incubateur Agoranov, le pôle français de plusieurs EIT

Thomas Coudreau

Vous avez récemment été labellisé « PUI » par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ce label vous donne des moyens pour mieux valoriser vos recherches, en structurant votre écosystème. Comment allez-vous utiliser le million d’euros attaché à ce label ?

Nous avons fixé quatre objectifs dans notre dossier PUI : le premier est le renforcement de nos relations avec nos partenaires, qu’il s’agisse des autres établissements de l’alliance, Lutech, Agoranov ou les EIT. Nos relations étaient jusqu’ici bilatérales, et nous souhaitons désormais mieux les coordonner. Le deuxième objectif est de rassembler ces structures au sein d’un lieu commun, c’est le projet Paris Parc. Paris Parc accueillera la Satt Lutech, l’incubateur Agoranov, le pôle français de plusieurs EIT notamment celui en santé, ainsi que certains services sur l’innovation de l’université et, bien sûr, des entreprises. La faculté des sciences et ingénierie réfléchit à réserver des places aux start-up au sein des locaux qu’elle a en gestion, à l’image de ce qu’elle fait au sein de ses stations marines, à Banyuls, Roscoff et Villefranche-sur-Mer.

Quels sont les deux autres objectifs ?

Nous prévoyons aussi de renforcer nos initiatives européennes et développer des parcours entrepreneuriaux. Nous pouvons déjà compter sur notre pôle Pepite pour proposer un parcours à nos étudiants, et nous souhaiterions étoffer notre offre à destination des doctorants et des chercheurs.

Comment entendez-vous renforcer cet accompagnement ?

Actuellement, nous pouvons déjà les accompagner financièrement, grâce aux fonds de notre Idex. Nous avons également monté un accélérateur « ante-création », avant même la maturation technologique des projets, pour donner aux équipes les bases de l’entrepreneuriat, comme la création d’un business plan. Nous pouvons aussi nous appuyer sur certains de nos partenaires, notamment au sein de l’Alliance Sorbonne Université, tels le Celsa, l’Insead ou l’ENSCI. Nous voulons que les chercheurs se posent la question de l’entrepreneuriat le plus tôt possible, pour qu’in fine, ce soit aussi naturel pour eux de déposer un brevet ou de collaborer avec un acteur économique que de déposer un projet ANR.

Une fois que l’envie d’entreprendre est bien ancrée chez les chercheurs, jusqu’où l’université souhaite-t-elle les accompagner  ?

La valorisation est une question d’actualité chez nous. C’est le cas dans les SHS. Nous valorisons déjà certaines de nos recherches via la création de start-up deeptech, mais les SHS souhaitent apprendre à valoriser différemment. Nous entendons aussi renforcer nos capacités à appuyer les projets. Nous y avons réfléchi à l’occasion de l’appel à projets maturation-prématuration (lancé dans le cadre de France 2030). Nous avons pu collaborer avec d’autres universités et l’Institut Pasteur. Ces échanges nous ont rendus humbles, en nous permettant de découvrir les nombreux outils mis en place par l’institut. En partenariat avec la Satt Lutech, nous coordonnons trois réponses dans les stratégies d’accélération sur la santé numérique, les maladies émergentes et la bioproduction et nous participons également à sept autres réponses.

Quels autres outils pourriez-vous mobiliser pour étoffer cette activité ?

Nous avons déjà l’ambition de déposer un nouveau projet au second appel ExcellenceS, le premier n’ayant pas été retenu. Après notre premier fonds d’amorçage, Quadrivium, et nous en préparons un nouveau.

Propos recueillis par Florent Detroy

Sorbonne Université en chiffres

  • 137 structures de recherche
  • 6700 enseignants-chercheurs
  • 1re université en nombre de projets européens
  • 1re université en nombre d’UMR avec le CNRS
  • 3 Instituts hospitalo-universitaires (IHU)
  • + de 100 déclarations d’inventions par an
  • + de 1,7 millions de revenus de PI par an
  • 256 start-up créées
  • 4 incubateurs

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