TOP 3 des innovations pour lutter contre le Covid-19

20 avril 2020

Prototype de Bavu robotisé ©Overspeed

Recherche et urgence font rarement bon ménage. Face à la crise sanitaire, plusieurs centres de recherche ou équipes R&D ont décidé de développer des solutions en un temps record, en comptant sur les seuls ressources et réseaux. Voici une petite sélection des projets qui montrent l’agilité des acteurs de la recherche face à l’urgence.

  • Un ballon insufflateur robotisé

Le bureau d’étude Overspeed, installé à Rouen, a développé un ballon insufflateur robotisé. Ce type de matériel médical, appelé Bavu (ballon autoremplisseur à valve unidirectionnelle), est utilisé habituellement pour la ventilation des personnes en difficultés respiratoires. Dans le cas de la crise du Covid-19, la robotisation du ballon permet au personnel de santé de commencer ce travail dès la prise en charge du patient à son domicile, et tout au long de son transfert à l’hôpital. Le personnel de soin peut ainsi se consacrer à d’autres tâches en parallèle lors de leur intervention. « Le ballon pourrait être utilisé également à l’hôpital, si les équipes de réanimations venaient à être débordées », explique Annie Grenier, cofondatrice et dirigeante d’Overspeed. L’équipe a pris soin de concevoir un ballon léger, et doté d’une autonomie d’une heure.

Pour accélérer son développement, Overspeed a utilisé une carte électronique conçue, à l’origine, pour le contrôle des portes automatiques. Pour les autres éléments de l’appareil, l’entreprise, membre du Pôle Move’o, s’est appuyée sur les compétences de l’entreprise Technomap en impression 3D et de Gault Industries pour l’industrialisation, également membres du pôle.

L’idée de ce Bavu robotisé vient d’un projet similaire, publié par le MIT en mars dernier. « Nous avons tout de suite trouvé l’idée intéressante, notamment du point de vue de son immédiateté », poursuit Annie Grenier. Le concept proposé par l’université américaine présente en plus l’avantage d’être « low cost », près de 25 fois moins cher, selon les calculs de L’Usine nouvelle. Overspeed promet son BAVU robotisé pour quelques centaines d’euros.

Le ballon doit être testé rapidement au sein d’un établissement de santé de Normandie.

  • Un filtre pour les masques de Décathlon

En mars dernier, Décathlon a mis en avant son masque de plongée Easybreath Subea comme alternative provisoire à la pénurie de masques FFP2 certains hôpitaux, et plus particulièrement pour le personnel des services de réanimation. Depuis cette date, le CNRS a pris part à un consortium pour concevoir et fabriquer un adaptateur adapté à Easybreath Subea. Objectif : intégrer un filtre au masque de plongée.

L’idée originale revient à l’équipe du professeur Prakash, de l’université américaine de Stanford. Elle a développé un adaptateur pour filtres antiviraux qui se fixe aux masques EasybBreath Subea. La solution a été mise en « open source » (libre de droits). Elle est d’ailleurs actuellement disponible sur le site de l’association Plankton Planet. À partir de ces travaux, un consortium s’est monté autour du CNRS, de la Fondation Tara, du CHRU de Brest ou encore de l’AP-HP, ainsi que de Décathlon et de BIC. Après l’obtention de l’autorisation par l’Agence Nationale de sécurité du Médicament (ANSM), le consortium est en train d’industrialiser cette solution en France, en priorité pour le personnel des services de réanimation.

La production de l’adaptateur a atteint en début de mois les 25 000 unités. Elle devrait être envoyée aux équipes déjà équipées de la version standard du masque. Le ministère de la Santé est en train d’identifier les besoins des hôpitaux et pourrait passer une nouvelle commande au consortium.

[Consortium parallèle : un autre consortium formé de Safran et de Segula Technologies, en partenariat avec l’Institut de recherche biomédicale des armées (Irba), a développé un adaptateur au masque Easybreath de Décathlon. Le masque, équipé d’un filtre antiviral, s’adresse autant au personnel soignant qu’aux patients ventilés.]

  • Un masque de protection réutilisable

Le consortium grenoblois VOC-COV (Volonté d’organiser contre le Covid-19), formé mi-mars pour proposer une réponse à la crise sanitaire, a conçu en quelques semaines un masque de protection réutilisable. À la différence des masques de type FF (Face Filter) P1 ou P2, celui-ci épouse la forme du visage. Cette conception permet de réduire les fuites, ce qui le rend plus efficace que les masques FFP2. Baptisé OCOV, il est également doté de filtres amovibles, lavables en machine et utilisables 20 fois. Livré avec cinq filtres, le masque peut ainsi servir une centaine de fois.

Le consortium réunit des centres de recherche de l’écosystème grenoblois, notamment Grenoble INP et le CEA, des industriels, comme Michelin, ARaymond ou Schneider, et des institutionnels comme l’ARS ou le CHU GA. Après les premiers échanges avec des responsables de santé, le consortium s’est orienté notamment vers la conception d’un masque de protection. « Nous n’avons pas réinventé le masque. Nous sommes simplement repartis de ceux que portent les pompiers ou les plongeurs, avec la volonté de minimiser la matière utilisée », explique Pierre-Emmanuel Frot, de la Fondation Grenoble INP.

Les équipes se sont notamment appuyées sur Y.Spot, la plateforme d’innovation ouverte du CEA inaugurée en février dernier. Pour une de ses premières utilisations, la plateforme a permis de définir en un temps record le design du masque. Michelin a ensuite apporté ses compétences en impression 3D et produit un prototype dans son usine de La Combaude, près de Clermont-Ferrand.

Une présérie de 5 000 pièces est en cours de production. Objectif : un million de masques produits par semaine d’ici à mai.

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