IMT Atlantique et Alter Way veulent inventer le « circuit court de la donnée »
Première réunion de travail le 30 août dernier dans le cadre du projet SeMaFor, sur le campus de Nantes d’IMT Atlantique
L’entreprise spécialiste du cloud, Alter Way s’est associée à deux laboratoires en sciences du numérique pour développer un framework open source. Objectif : proposer des solutions d’orchestration de réseaux « fog ». Le projet, financé par l’Agence nationale de la recherche, doit permettre de créer des applications pour les marchés du smart building ou de la smart city.
L’essor de l’IoT a entraîné une explosion de la production de données dans le monde. Le stockage et l’analyse de ces data posent de nouvelles problématiques aux réseaux informatiques classiques, souvent construits autour d’un cloud centralisé : forte latence, risque cyber, et augmentation de la consommation énergétique. Les géants de l’informatique ont longtemps répondu à ces nouveaux enjeux en créant des data centers de plus en plus puissants. Mais une nouvelle approche a émergé ces dernières années : exploiter les capacités de stockage et de traitement à proximité des lieux de production de la donnée, pour économiser des ressources et gagner en performance. « On parle de circuit court de la donnée », explique Thomas Ledoux, enseignant-chercheur à IMT Atlantique, et membre du Laboratoire des sciences du numérique de Nantes (LS2N) et pilote du projet SeMaFor.
Cette approche géo-localisée, baptisée « fog computing » permet d’équilibrer la charge des réseaux. Le « fog computing » implique de transformer nos différents appareils électroniques en mini-data centers, et d’en exploiter la puissance de calcul. « L’intérêt du fog est d’utiliser des sondes qui trient les données avant de les envoyer vers les miniserveurs », explique Jonathan Rivalan, responsable R&D chez AlterWay. Cette approche demande toutefois d’être capable de piloter ces multiples opérations, via les contrôleurs des silos notamment, ou slices dans le cadre de la 5G, et de les coordonner pour répondre en direct aux sollicitations des utilisateurs. « Nous ne savons pas encore concevoir ce type d’infrastructure ni ses applications », reconnaît Thomas Ledoux.
Développer les outils du FOG
C’est l’objectif du projet SeMaFor (Self-Management of Fog Resources), piloté par IMT Atlantique membre du LS2N, et monté avec le laboratoire Lip6 de Sorbonne Université et l’ETI Alter Way. La finalité de ce projet : développer un framework open source, ainsi qu’un langage de description d’architecture (ADL), pour gérer les ressources de ce type de réseau fog et faciliter la création d’applications fog. « Nous voulons développer une sorte de Kubernetes du fog », explique Thomas Ledoux. Une des ambitions des partenaires du projet est notamment de rendre les réseaux « auto-administrés ». Ils souhaitent ainsi concevoir des algorithmes de consensus distribué, capables d’orchestrer les contrôleurs autonomes des silos, et de permettre en prime de reconfigurer automatiquement les ressources et les applications.
Ce type d’outil pourrait accélerer la mettre au point des applications capables de relever les défis de l’IoT. « Cet outil permet de développer des applications pour, par exemple, trier les images de vidéosurveillance, qui fonctionne en continu, ou encore de gérer la consommation en bande passante des jeux vidéo en réalité virtuelle au plus près des utilisateurs finaux », souligne Thomas Ledoux. À plus long terme, le projet pourrait développer les outils de pilotage des réseaux nécessaires pour les futurs smart building, smart factory ou, encore, smart city. Le projet a été lancé sur une période de 42 mois, pour un budget de 500 000 euros. Il doit déboucher sur le développement d’un framework.
Un nouveau marché pour Alter Way
L’ETI Alter Way voit dans ce projet l’opportunité de se positionner sur un nouveau marché prometteur. « AlterWay s’est développé historiquement dans le cloud, qui génère entre 60 et 70 % de l’activité de l’entreprise. Nous voulons désormais prendre de l’envergure dans le domaine du cloud edge continuum », précise Jonathan Rivalan, responsable R&D d’Alter Way. L’entreprise apportera également son expertise en matière de DevOps, nouveaux métiers conciliant les compétences de développeurs informatiques et d’administrateurs système, dont l’importance est grandissante depuis l’avènement du cloud.