Un réseau de plateformes pour rendre visibles les données numériques

18 octobre 2021

Plateforme Mandelbrot (Maison de la simulation) © Inria C. Picard/Photo H. Raguet

Changer notre façon de percevoir les données numériques et d’interagir avec elles, voilà l’objectif du projet Continuum qui mettra en réseau 30plateformes et 37équipes de recherche françaises autour de la visualisation et du lien humain-machine. Entretien avec le responsable scientifique de ce projet Michel Beaudouin-Lafon, professeur d’informatique à l’Université Paris-Saclay et spécialiste des interactions humain-machine au Laboratoire interdisciplinaire des sciences du numérique (LISN).

Pouvez-vous nous décrire les grandes lignes du projet Continuum ?

Continuum veut faciliter l’accès aux plateformes de visualisation et d’immersion haute performance pour observer, manipuler, comprendre et partager des données numériques, des simulations et des expériences virtuelles ou augmentées, parfois en immersion.

Nous avons deux axes de travail. Le premier consiste à mener une recherche sur les dispositifs d’affichage et d’interaction pour les améliorer et les rendre plus simples à utiliser, plus intuitifs. Le deuxième est de rendre accessible cet ensemble de plateformes, qui ont chacune leur spécificité propre, à des utilisateurs qui pourraient en tirer parti, mais ne les utilisent pas encore. Or, les dispositifs de visualisation permettent un affichage de données massives et de données complexes, comme un « macroscope numérique », et cela peut servir dans de nombreuses recherches : les simulations interactives, les expériences virtuelles et augmentées apporteraient beaucoup dans des domaines qui n’y ont pas encore recours, comme les mathématiques, la physique, la biologie, l’informatique, la médecine, la psychologie, l’histoire, l’archéologie, la sociologie…

En quoi l’humain est-il central dans ce projet?

Il est nécessaire que l’humain, grâce à l’intelligence collective, se réapproprie la puissance de calcul et les données massives, avec des outils appropriés. Pour cela, une recherche interdisciplinaire permettra de mieux comprendre comment adapter le monde numérique aux capacités humaines. Il ne suffit pas de disposer d’un équipement de visualisation de pointe, il faut aussi améliorer l’interaction avec les affichages et faciliter la collaboration entre utilisateurs face à ces écrans. Le projet Continuum inclut donc des spécialistes de la perception, de la cognition et du comportement humain face aux réalités virtuelle ou augmentée.

L’objectif est de parvenir à un changement de paradigme dans la façon de percevoir et d’interagir avec les données, en plaçant l’être humain et ses capacités de perception et d’action au centre de ces mondes numériques.

Quelle est votre feuille de route?

Le projet, qui implique de nombreux chercheurs et ingénieurs dans les laboratoires du réseau, a officiellement démarré le 1er juin 2021. La convention avec l’État vient d’être signée. Un chef de projet et quatre ingénieurs supplémentaires seront embauchés, avec promesse des laboratoires hôtes de les employer de façon pérenne à l’issue du projet, en 2029.

Nous allons mettre à jour toutes les plateformes du réseau pour qu’elles soient à la pointe des technologies existantes, tout en les connectant entre elles pour rendre possible un travail collectif à distance. Nous ajouterons également sur certaines d’entre elles des biocapteurs comme des caméras, des détecteurs d’activité musculaire ou d’activité cérébrale pour ouvrir le champ des possibles dans les applications. Nous associerons d’ailleurs dès le départ des utilisateurs potentiels pour concevoir des plateformes qui répondent à leurs besoins, en nous basant sur des cas d’usage réels.

Enfin, nous achèterons des équipements mobiles pour que les chercheurs de toutes les disciplines et les utilisateurs industriels puissent accéder à la visualisation de données « chez eux », car nous avons constaté que, si cette possibilité intéresse, peu d’entre eux franchissent le pas et utilisent une plateforme « fixe », dans un laboratoire. Alliées à une large couverture géographique du projet, des offres de service spécifiques destinées aux universitaires et aux entreprises permettront ainsi une diffusion au monde économique et social, en collaboration avec les acteurs du transfert d’innovation comme les SATT, les pôles de compétitivité ou les Instituts Carnot. Le projet Continuum devrait donc faciliter pour tous l’accès à des équipements de visualisation et à une expertise de pointe.

Qu’est-ce que le projet Continuum

Continuum est un projet EquipEx+, un « équipement d’excellence », financé dans le cadre du quatrième Programme d’investissements d’avenir. Porté par le CNRS, pour une huit ans, Continuum est la suite du projet Digiscope, en Île-de-France, et du réseau européen Visionair. Il est doté de 13,6 millions d’euros pour créer une infrastructure de recherche collaborative de 30 plateformes, situées dans 11 villes différentes, un peu partout en France. Le projet regroupe 37 équipes de recherche qui développent des outils de visualisation ou étudient leur utilisation.

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