Virpath : le laboratoire star de virologie qui aimait les entreprises

20 juin 2020

Manuel Rosa-Calatrava

Les points à retenir :
✏︎ Le laboratoire s’auto-finance à hauteur de 70%
✏︎ Les équipes ont déposé deux brevets d’invention depuis le début de la crise du Covid-19
✏︎ Virpath a confié aux deux filiales de valorisation de l’université Claude Bernard le soin de valoriser ses travaux

Le laboratoire lyonnais Virpath (Inserm/Université Claude Bernard Lyon 1/CNRS/ENS), hébergé au sein du Centre international de recherche en infectiologie (CIRI), est depuis de longues années en pointe dans la recherche contre les maladies infectieuses respiratoires. Le laboratoire de 25 personnes, dirigé par Bruno Lina et Manuel Rosa-Calatrava, a travaillé notamment sur la grippe H1N1 en 2009, puis sur le MERS-CoV apparu en 2012 au Moyen-Orient. Il était logique que le laboratoire s’attaque à la Covid-19. 

50 traitements testés
Après avoir isolé le virus, le laboratoire a isolé dès février des souches cliniques, constitué des banques de travail, et développé des modèles précliniques d’infection. Virpath a ainsi pu tester le repositionnement de médicaments existants contre la Covid-19. Grâce à l’aide financière apportée par le réseau REACTing, le réseau piloté par l’Inserm et chargé de coordonner les projets de recherche contre la Covid-19, Virpath a pu tester plus d’une cinquantaine de traitements.

Depuis, le laboratoire a multiplié les projets. Virpath est impliqué aujourd’hui dans un projet européen (projet IMI2), un programme PSPC BPI, plusieurs projets financés par l’ANR, et un projet régional (voir encadré). Avec, à la clef, le dépôt de deux brevets d’invention, et la soumission de sept publications scientifiques. Loin de se disperser, le laboratoire assure que cette activité est le résultat d’une stratégie murement réfléchie.
 

« Nous nous sommes donner les moyens d’une certaine autonomie »

Manuel Rosa-Calatrava


La recherche public/privée dans les gènes
« Dès la création de notre laboratoire, nous avons privilégié une stratégie partenariale, non seulement avec le monde académique, mais également avec de nombreux acteurs socio-économiques. Nous nous sommes également donner les moyens d’une certaine autonomie, en mettant en place une politique volontariste de valorisation de la recherche académique et de transfert de technologies vers la clinique et l’industrie, et notamment au sein de notre pôle de compétitivité (Lyonbiopole) » explique Manuel Rosa-Calatrava.

L’équipe a notamment pris soin de fluidifier le processus de valorisation et de transfert de ses travaux de recherche. Alors que les multiples tutelles des laboratoires de recherche peuvent complexifier parfois ce processus, Virpath a souhaité dès l’origine que Lyon ingénierie projets (Lip) et Ezus Lyon, deux filiales de valorisation de l’Université Claude-Bernard, gèrent sa politique collaborative et contractuelle, en accord avec ses tutelles. Pour l’équipe, sa réactivité et ses réalisations scientifiques face à la pandémie sont le résultat direct de cette stratégie.

Un auto-financement de 70%
Cette stratégie a facilité la création de plusieurs startup, comme VirHealth, spécialisée dans la désinfection microbiologique, Signia Therapeutics, qui repositionne des médicaments pour de nouvelles indications thérapeutiques antimicrobiennes et Vaxxel qui développe un nouveau candidat vaccin contre les pneumovirus.

Cette stratégie a également permis au laboratoire de créer de nouveaux outils de création de valeurs. Ainsi, le laboratoire Virpath a mis au point la plateforme de recherche technologique VirNext, une plateforme de services en recherche, et dont le laboratoire tire une bonne partie de ses revenus.

Aujourd’hui Virpath s’auto-finance à hauteur de 70%. Cette relative autonomie financière lui permet de s’assurer une certaine stabilité, et notamment de pérenniser les postes de son équipe. 

Par Florent Detroy

Le projet : Covibiose

Le projet Covibiose, qui a débuté en juin, consiste à développer un modèle préclinique de primate non-humain (PNH) infecté par le SARS-CoV-2, pour étudier la physiopathologie de la Covid-19. Il permettra ainsi de tester des traitements innovants contre le virus, et ainsi d’accélérer leur entrée en phase clinique chez l’homme. Ce modèle sera utilisé par le laboratoire lui-même, mais sera également proposé aux laboratoires académiques et pharmaceutiques.
 Ce projet, porté par l’entreprise Cynbiose et le laboratoire VirPath, en collaboration avec VetAgro Sup, est coordonné par le pôle de compétitivité LyonBiopôle. La région a apporté un financement exceptionnel de près de 500 000€ au projet.

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