Une start-up rend l’IoT humaine grâce à l’école Yncréa

4 mars 2021

Equipement naval instrumenté, dans le cadre du projet européen IoT4NR

La start-up Inouid a développé une compétence unique : transformer la donnée brute en une donnée utilisable immédiatement par les industriels. Adoptée par plusieurs acteurs de l’industrie navale, cette technologie pour l’Internet des objets (IoT) pourrait intéresser d’autres secteurs industriels en cours de conversion au « 4.0 ». Cette compétence, Inouid la doit à sa collaboration avec un laboratoire de l’école Yncréa-Méditerranée, rencontré au cours d’un projet européen.

Les points à retenir :

  • La start-up a rencontré les équipes d’Yncréa Méditerranée dans le cadre d’un projet européen
  • La collaboration a permis à la start-up d’acquérir des méthodes d’interview
  • La start-up veut developper des interfaces homme-machine (IHM) adaptés à chaque secteur

Les industriels sont rentrés dans l’ère du 4.0. Désormais, les équipements de production sont truffés de capteurs et produisent de la donnée en continu. Trop ? En tout cas, la production de données ne suffit pas à rendre les équipements de production plus adaptables et rapides. La donnée produite doit encore être transmise et comprise par les opérateurs. Didier et Nicole Briand se sont lancés sur le marché de l’IoT avec l’ambition de connecter la donnée à l’opérateur, pour la rendre facilement exploitable. Dotés d’un bon bagage technique et d’une solide expérience acquise dans de grands groupes, ils créent Inouid en 2017. La solution qu’ils développent associe l’IT à l’OT, afin de construire un parcours de la donnée « sans couture », de la machine industrielle jusqu’à son pilote.

Des collaborations avec Naval Group

En 2018, la start-up fait une première démonstration d’ampleur de sa solution, en intégrant le démonstrateur d’usine 4,0 construit pour le salon Global Industrie. La petite usine miniature produit des « médailles » personnalisées, en direct, à partir de la numérisation des badges visiteurs. À partir des capteurs placés tout le long de la ligne de production de l’usine, la solution d’Inouid met en forme et achemine en direct les données vers les interfaces des opérateurs des robots de Stäubli et de Gravotech, chargés de produire les médailles. « Nous donnons une information pour que l’humain puisse décider », résume Didier Briand. La capacité à rendre cette donnée compréhensible pour des opérateurs non spécialisés en informatique impressionne. La start-up est très vite contactée par des industriels.

Dans le secteur naval, on est loin de l’industrie 4.0. Les acteurs sont plutôt dans l’urgence continuelle

Didier Briand

Un des premiers n’est autre que Naval Group. L’industriel est confronté à des problématiques de maintenance. Ses bateaux ne sont pas souvent à quai, et Naval Group doit procéder à des contrôles rapidement. « Dans le secteur naval, on est loin de l’industrie 4.0. Les acteurs sont plutôt dans l’urgence continuelle », explique Didier Briand. Inouid lance un premier projet avec Naval Group, consistant à installer des capteurs sur les moteurs des navires pour de mesurer leurs émissions. La start-up travaille encore avec le spécialiste de la construction navale de défense sur un autre projet de monitoring d’équipements, en utilisant des puces RFID. Cette collaboration apporte à la start-up une meilleure connaissance de l’industrie navale, et lui permet d’intégrer des écosystèmes autour de la mer. Le Pôle de compétitivité Mer Méditérranée contacte ainsi naturellement la start-up, lorsqu’un projet d’IoT adapté à l’industrie maritime est lancé par l’Union européenne : le projet IoT4NR.

Yncréa fait parler les opérateurs

L’Union européenne lance, en 2018, l’appel à démonstrateurs IoT4Industry. Le pôle Mer et le pôle SCS imaginent de possibles consortiums capables de monter des projets dans le cadre d’IoT4Industry. Inouid est contactée et intègre, avec Kontron, Foselev, HTC, Dataswai et Propulsion Engineering et l’école ISEN Méditerranée-Yncréa, le projet IoT for Naval Repair (IoT4NR). Ce projet, financé à hauteur de 250 000 euros, consiste à mettre au point le démonstrateur d’une solution de maintenance et d’entretien d’équipements de réparation de navires. Les grues ou les docks flottants sont concernés. Lancé en 2018, le projet permet le développement de plusieurs innovations technologiques : la solution d’Inouid intègre le protocole de communication LoRA, pour fonctionner dans un milieu métallique. Elle est également enrichie d’une technologie d’IA, pour améliorer le tri des données. Mais l’innovation la plus importante concerne la mise au point d’une interface homme-machine (IHM) « haute performance ».

Inouid a développé, pour ce projet, une IHM adaptée aux besoins des opérateurs d’outils de maintenance. Objectif : leur fournir les informations uniquement nécessaires à leur travail. L’entreprise a donc besoin de mieux connaître ces opérateurs. Elle prend alors contact avec le laboratoire de Stéphane Vera, directeur R&D de l’école d’ingénieurs Yncréa-Méditerranée et membre de l’Institut matériaux microélectronique nanosciences de Provence (CNRS/Université de Toulon/ Université Aix Marseille). « Nous avons interviewé ensemble les utilisateurs de ces équipements sur leurs besoins d’informations, en leur demandant, par exemple, ce qui était confortable à leurs yeux. Nous nous sommes rendu compte qu’ils souhaitaient souvent disposer d’interfaces simples et sans couleurs. Les concepteurs de ces outils avaient tendance, eux, à mettre des couleurs et à afficher beaucoup d’informations », souligne Didier Briand.

Nous voudrions systématiser l’approche avec Yncréa, en créant une vraie méthode de développement

Didier Briand

L’industriel est confronté à une autre problématique sur ce projet : les utilisateurs de ces interfaces changent régulièrement. « L’IHM était moins efficace lorsque la personne pour qui nous avions développé l’interface changeait. Nous avons ainsi développé plusieurs types d’IHM, qui s’adaptent en fonction de l’identifiant des individus. Si la personne l’utilise de manière temporaire, l’IHM va fournir plus d’informations et sera plus pédagogique », ajoute Didier Briand.

Un IHM pour chaque métier

Le projet européen s’est terminé l’année dernière, mais Inouid continue de travailler avec Yncréa. « Nous voudrions systématiser l’approche avec Yncréa, en créant une vraie méthode de développement », explique Didier Briand. Inouid souhaite commercialiser ses solutions auprès d’autres populations, en se servant de ces méthodes d’interview pour s’adapter à chaque métier.

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