L’exploitation de l’IA et des données constitue un levier dans l’efficacité de la recherche biomédicale
Le 20 novembre dernier, à Paris, une Matinale POC a eu lieu sur la thématique intelligence artificielle et santé. L’occasion pour les participants de découvrir des start-up proposant des solutions numériques pour accélérer la recherche biomédicale, et d’échanger sur la place de ces nouvelles technologies dans la mise au point des thérapies de demain.
C’est au sein des locaux de l’accélérateur Future4Care dans le XIIIe arrondissement de Paris qu’une Matinale POC « IA & Santé » a été organisée le 20 novembre dernier. Cet événement a réuni acteurs de la recherche académique, institutionnels et entrepreneurs pour découvrir et échanger sur la place des outils d’intelligence artificielle dans la recherche biomédicale. « L’IA crée une énorme appétence et de la curiosité auprès des professionnels des santés. La data et la logique d’écosystème pour l’innovation constituent un levier pour améliorer la prise en charge en santé », Agnès De Leersnyder, CEO de Future4Care. L’exploitation des données de santé, notamment par les outils d’IA, permet ainsi d’accélérer le processus de mise à disposition d’un traitement au patient. Et nombreuses sont les start-up qui proposent des systèmes pour faciliter la découverte de médicaments ou de déploiements d’essais.
Définir la stratégie de développement clinique et thérapeutique
Les outils d’IA peuvent se révéler utiles dans la prise de décision du développement pharmaceutique. Par exemple, la start-up de médecine de précision Ariana Pharma accroît l’efficacité des molécules et optimise le pipeline par l’intermédiaire d’une analyse d’IA explicable. « Notre plateforme KEM est capable d’agréger des données omiques, cliniques ou d’imagerie existantes et de les combiner avec d’autres variables pour générer des règles d’association », déclare Martin Kindermans, senior data scientist chez Ariana Pharma. La solution d’IA proposée a ainsi permis de déterminer le ciblage d’un biomarqueur de réponse dans le traitement de phase 1/2 contre Alzheimer. L’ambition serait d’appliquer cet outil à d’autres cas d’usage, comme la maladie de Parkinson.
Autre exemple d’aide à la prise de décision avec la solution de l’entreprise iVi (in vitro in vivo intelligence) dirigée par Christophe Bleunven. Cette start-up a développé une technologie d’IA capable d’analyser qualitativement les signaux physiologiques. « Nous aidons les groupes pharmaceutiques en phase de développement préclinique d’un candidat médicament à décider d’un essai clinique. Nous créons un panel d’IA pour mieux comprendre l’impact global d’une molécule, pas seulement sur la cible thérapeutique, mais aussi sur son environnement. Ce qui permet d’anticiper des effets secondaires », explique Christophe Bleunven.
De son côté, la start-up Vioo AI a mis au point une solution permettant de détecter sur une image les différents organes dans la cavité intra-abdominale lors d’opérations de chirurgie. « Il est difficile de comprendre l’anatomie sur une image sans pouvoir palper. Et souvent, il y a une variation anatomique chez les patients, ce qui constitue un challenge », indique Alexandre Smirnoff, chirurgien au groupe hospitalier de La Rochelle-Ré-Aunis. L’outil de Vioo AI s’appuie sur un réseau de neurones convolués pour analyser une image et identifier les différents organes et optimiser la sécurité de l’acte chirurgical.
Mieux structurer et visualiser les données
Les outils d’IA aident également les chercheurs à structurer leur réflexion sur une question scientifique. La société Emeritt Science propose un compagnon de recherche fondé sur l’IA, Charlie, contribuant à accompagner de la veille bibliographique, l’analyse de résultats et la visualisation sur une map d’écosystème. « Nous avons récemment signé un partenariat avec l’université de Rouen pour l’usage de notre solution pour la conception de protocoles d’immuno-histochimie. En 2026, l’idée est d’enrichir notre solution de suivi de projet scientifique avec une base de données sur les brevets et les essais cliniques », détaille Nandjafot Mendy, CEO d’Emeritt Science.
Toujours dans la structuration des données scientifiques, la start-up Adlin a développé une plateforme collaborative dédiée au suivi de projets scientifiques et à la gestion de données. « Pour accélérer la recherche biomédicale, nous avons ajouté un module de génération de pipelines multiomiques interopérables et automatisables, ainsi qu’un autre pour l’analyse de données générées », affirme Paul Rinaudo, CEO d’Adlin.
Enfin, le groupe pharmaceutique Servier a fait part de sa stratégie concernant l’usage d’outils d’IA pour la recherche médicale. « Malgré l’avènement de l’IA, l’humain reste crucial dans les processus de recherche, et d’accompagner afin de lever les freins à l’adoption. Il est donc important d’avoir une vision stratégique sur l’implémentation de l’IA, en comprenant l’évolution technologique et les investissements à consentir, et le potentiel de pilotage par la valeur avec les cas d’usage », précise Alban Arrault, directeur des programmes R&D data and artificial intelligence chez Servier. Selon lui, les outils d’IA vont aider à accroître les capacités du chercheur, à réduire l’attrition dans la mise au point de médicaments, et à anticiper les disponibilités de production pour l’organisation d’essais cliniques.
