L’incubateur Arts et Métiers met en avant ses start-up industrielles

De gauche à droite : Marie Brandewinder (incubateur Arts et Métiers), Quentin Xavier (Urban Circus), Alice Chougnet (GeoSophy) et Alan Chauvin (Leviathan Dynamics)
Le 20 mai, l’incubateur de l’école d’ingénieurs des Arts et Métiers a organisé son événement annuel à Paris. L’occasion de découvrir l’accompagnement de la structure et des start-up d’horizons différents qui y ont vu le jour.
« Notre positionnement sur les projets entrepreneuriaux industriels constitue l’une de nos forces pour accompagner les porteurs de projets. » Voici l’un des atouts mis en avant par Marie Brandewinder, directrice de l’incubateur Arts et Métiers, à Paris, lors de son événement annuel le 20 mai dernier. Ce rendez-vous a permis à des start-up incubées, à d’anciens bénéficiaires et à des investisseurs de se rencontrer et d’échanger autour de leurs expériences dans l’entrepreneuriat. « En plus de dix années d’existence, nous avons accompagné près de 140 projets, qu’ils concernent des solutions servicielles ou du hardware (plus long à mettre au point). Nous sommes en mesure d’héberger aussi bien des projets d’innovation incrémentale que de la deeptech », détaille Marie Brandewinder. Labellisé « Fonds parisien pour l’innovation » par la Ville de Paris et « Innov’up Incubation » par la Région Île-de-France, l’incubateur Arts et Métiers héberge actuellement une quinzaine de projets en roulement. « Nous organisons cinq comités d’incubation par an, et chaque séance nous permet de retenir trois ou quatre projets, ce qui assure un flux continu de nouveaux arrivants », poursuit la directrice de l’incubateur des Arts et Métiers.
Une forte composante environnementale
L’incubateur soutient des projets émanant d’horizons divers, l’industrie, la greentech, la santé, les matériaux, la mobilité et l’économie circulaire. « L’une des caractéristiques des projets que nous accompagnons, c’est qu’ils intègrent presque toujours une composante environnementale, que ce soit en matière d’objectifs ou de modalités (procédé ou méthodologie) », précise Marie Brandewinder. Avant de compléter : « À noter que les start-up peuvent être accueillies au sein de nos locaux ou opérer hors de nos murs. Il est également important de souligner qu’il n’a pas de prérequis sur la provenance “Arts et Métiers” des recherches à valoriser : ainsi, deux tiers des start-up hébergées n’ont aucun lien avec les Arts et Métiers. »
Les start-up bénéficient de conseils stratégiques ou scientifiques, et d’aides au montage de dossiers (recherche de financements, propriété intellectuelle, etc.). De plus, elles peuvent accéder aux installations de l’École supérieure des Arts et Métiers. Elles abritent, entre autres, un atelier de prototypage doté de machines d’usinage conventionnelles et numériques, un atelier de fabrication additive, des laboratoires de recherche. « Par exemple, nous disposons d’un atelier de fabrication additive pour le prototypage ou l’usinage de petites séries d’objets », indique Marie Brandewinder. Une fois leur modèle et leur produit finalisés, les porteurs de projets ont la possibilité d’être pris en charge par Amvalor, la filiale transfert de l’Ensam.
Témoignage de start-up
Lors de cet événement, trois start-up anciennement incubées sont revenues sur leur parcours à la sortie de la structure de l’Ensam : Urban Circus, Geosophy et Leviathan Dynamics. Elles ont témoigné de l’importance d’être agiles et de rebondir en cas d’échec. Spécialisée dans les vêtements techniques pour la mobilité urbaine, Urban Circus a dû faire face à des difficultés et changer de stratégie. « L’échec fait partie de l’entrepreneuriat, l’essentiel est de se relever et de tirer les leçons de cet échec. Nous avons perdu un marché important en raison de la nouvelle stratégie des acteurs de la livraison de repas à domicile. Nous avons donc décidé d’élargir nos marchés cibles, au vêtement professionnel pour l’industrie », indique Quentin Xavier, cofondateur d’Urban Circus. Alice Chougnet, CEO de Geosophy, une start-up spécialisée dans les outils d’aide à la décision pour l’exploitation de la géothermie dans les bâtiments, corrobore ces propos : « Il ne faut pas être bornés et être prêts à changer de cible de marché. » Mais cela implique de reconnaître le problème et d’identifier d’autres débouchés potentiels. Dans notre cas, la crise de l’immobilier nous a fortement touchés, mais nous avons eu la chance qu’un bailleur social (Action Logement) et un acteur de la grande distribution (Leclerc) se soient intéressés à notre solution. » Leviathan Dynamics, spécialiste d’équipements de vapo-compression, a misé sur deux marchés cibles. « À l’origine, nous avions un POC sur un système de climatisation, mais la pandémie nous a stoppé le marché. Nous avons donc décidé de diversifier nos solutions au traitement de l’eau », se souvient Alan Chauvin, CTO de la start-up Leviathan Dynamics. Tous s’accordent à dire que l’agilité stratégique est fondamentale. « Il faut parfois opter pour des marchés moins lucratifs, mais plus matures », indique Alice Chougnet. « Plusieurs facteurs permettent de limiter l’échec : s’appuyer sur une équipe efficace, être capables d’une agilité sur les marchés ou le produit et, enfin, avoir une réelle valeur ajoutée et capitaliser sur ses forces pour sortir du lot », résume Quentin Xavier.