OPTIPUS-PV imprime des films photovoltaïques adhésifs

25 mars 2024

Et si on rechargeait les batteries de nos objets du quotidien grâce à l’énergie solaire ? C’est le pari que s’est lancé OPTIPUS-PV en mettant au point des modules solaires colorés à haut rendement capable d’être imprimée et de s’intégrer ainsi parfaitement aux designs des objets.

Après dix années de recherche au sein du CNRS dans les domaines de cellules solaires organiques (OPV), de l’optique et la création d’encres par impression et 3 millions d’euros dédiés à la R&D, OPTIPUS-PV a mis au point son innovation brevetée : Energy Skin. Energy Skin est une technologie innovante de modules solaire photovoltaïque en films très minces qui peuvent épouser n’importe quelle forme pour équiper des produits électriques portatifs tout en restant invisibles.

« L’équipe de chercheurs, composée par Olivier Margeat et moi-même du Centre interdisciplinaire de nanoscience de Marseille (CNRS/Aix-Marseille Université) et de David Duché de l’Institut des matériaux, de microélectronique et des nanosciences de Provence (CNRS/Aix-Marseille Université), a travaillé initialement sur le projet Sfumato, ayant pour objet l’impression de panneaux organiques flexibles à haut rendement. En faisant varier, localement, l’épaisseur des matériaux composant la cellule solaire, nous avons constaté que nous pouvions produire des modules polychromes » précise Jörg Ackermann, fondateur et PDG d’OPTIPUS-PV. Grâce à ce savoir-faire unique au monde de coloration des cellules solaires organiques, la deeptech répondra aux exigences design des concepteurs de produits nomades ayant besoin d’une source d’alimentation pour fonctionner.

Augmenter le rendement des films solaires

Jusqu’à début 2026, l’équipe a prévu de travailler sur l’augmentation du rendement des films photovoltaïques. Une condition sine qua non pour rendre possibles les applications technologiques visées par OPTIPUS-PV. « Aujourd’hui, les cellules flexibles commercialisées sont plafonnées avec un taux de rendement autour de 6% à 7% et nous visons, d’ici 2 à 3 ans, les 14% » souligne Jörg Ackermann. Le nouveau palier d’efficacité des cellules OPV pourra être atteint grâce à un process de production inédit. « Pour augmenter le rendement et la stabilité des cellules solaires, nous allons combiner des techniques de production complémentaires » commente le DG de la deeptech basée à Marseille. Pour accélérer les recherches sur le sujet crucial du rendement, OPTIPUS-PV a embauché deux ingénieurs depuis quelques mois. Autre défi technologique à relever : réduire l’épaisseur des modules flexibles. « La technologie OPV est relativement mature. A part le rendement, la partie stabilité et la partie production sont relativement validées. Nous allons donc être rapidement capable d’assembler une ligne de production » ajoute Jörg Ackermann.

Le projet peut également compter, en plus des deux laboratoires du CNRS, sur le soutien d’autres partenaires. De la Satt Sud-Est tout d’abord, qui a permis la licence de plusieurs de brevets. Puis de la société Ardeje printing, située à Valence, et spécialisée dans l’impression numérique. Pour Jörg Ackermann : « Le soutien de la SATT Sud Est a été très fructueux et nous avons mis en place une licence avec une bonne condition d’exploitation des 3 brevets, dont deux ont été déposés par la SATT et le troisième par Ardeje. Lors de la création d’OPTIPUS-PV, fin 2023, nous sommes partis sur une co-maturation avec une mise à disposition par la SATT de crédits de R&D. En parallèle, nous avons négocié une sous licence exclusive des 3 brevets pour OPTIPUS-PV ». Lors de son parcours, Optipus-PV a aussi collaboré avec le CINaM (Centre Interdisciplinaire de Nanoscience de Marseille), l’IM2NP (Institut Matériaux Microélectronique Nanosciences de Provence) et l’Institut de Fresnel de Marseille.

Les opportunités business en cours

Côté business, Benoit Baillart, directeur général adjoint d’OPTIPUS-PV travaille sur le développement de la société. Après une étude de marché détaillée, il s’est entretenu avec 25 industriels pour confirmer le potentiel technologique d’Energy Skin. Après les objets électroniques avec une faible capacité énergétique (liseuse, casque audio, appareils auditifs, etc.) et fort besoin esthétique, OPTIPUS-PV visera le marché des fabricants de téléphones portables, de vélos électriques, de textiles outdoor et même les bâtiments classés.

« On découvre tous les jours des nouveaux cas d’usages qui sont pertinents comme des objets qui sont attachés au vélo ou des jouets et livres pour bébés. Nous allons pouvoir intégrer notre technologie sans compromettre le design des fabricants. Actuellement, nous sommes en contact avec deux industriels (une marque de casque de vélo et une marque de liseuse) pour réaliser deux prototypes fonctionnels » commente Benoit Baillart. Avant de préciser : « Nous voulons démocratiser cette technologie très novatrice et très écologique. Les matériaux utilisés sont non toxiques et notre but c’est aussi, je l’espère, de supprimer de ce monde les piles jetables et les chargeurs ! ». La production et la vente de modules sont attendues entre 2027 et 2028.

L’entreprise vise une première levée de fonds prochainement. Elle est d’ailleurs en phase de due diligence avec un fond DeepTech early stage et vient d’ouvrir des discussions avec des Business angels. Autres perspectives à court terme : les résultats de la finale du concours I-Lab dans lequel OPTIPUS-PV participe et l’exploration de dispositifs BPI, comme la bourse French Tech Emergence.


Le réseau SATT

Le Réseau SATT fédère, en France, treize Sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT). Engagées dans le dynamisme économique grâce aux innovations scientifiques, les SATT apportent aux entreprises des solutions technologiques dérisquées, à fort potentiel, pour gagner en compétitivité. Avec plus de 700 start-up créées, les SATT sont les premiers acteurs de proximité du Plan Deeptech de l’État, opéré par Bpifrance. Elles sont connectées au quotidien à plus de 150 000 chercheurs et offrent un accès privilégié aux innovations des laboratoires publics. Fortes de leur réseau national, elles sont les partenaires stratégiques des entreprises en quête de croissance par l’innovation. Plus d’informations sur le Réseau en cliquant ici.

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