© Julien Ogor / ENSTA Bretagne

L’école d’ingénieur a annoncé le lancement d’une chaire industrielle, en association avec Safran, l’Institut P’ et Naval Group. Elle doit permettre aux industriels partenaires d’anticiper plus efficacement et plus rapidement les risques de rupture de leurs appareils.

La Chaire Self-Heating, qui sera lancée officiellement le 1^er décembre prochain, a pour ambition de mesurer et d’anticiper la « fatigue » des matériaux. « Dans 60 à 70 % des cas, la rupture est due à un phénomène de fatigue du matériau », explique Sylvain Calloch, enseignant-chercheur à l’Institut de recherche Dupuy de Lôme (CNRS/UBS/Ensta Bretagne/UBO/Enib). Cette « fatigue » est le résultat de plusieurs millions de cycles de la pièce, qui finissent par l’user. Ce phénomène, difficile à mesurer, est long à analyser : « Les campagnes d’essais sont longues et fastidieuses. Elles constituent un frein à l’acquisition de connaissances », ajoute Sylvain Calloch.

Les équipes de l’IRDL, basées sur le site de l’Ensta Bretagne, ont ainsi développé une méthode consistant à mesurer la « signature » thermique des matériaux, via la détection de la chaleur qu’ils produisent. Les analyses sont ensuite modélisées et interprétées. « Nous pouvons ainsi obtenir des infos sur l’usure et prévoir quand cela va casser. C’est un gain de temps pour les industriels », détaille Sylvain Calloch. Cette méthode permet aussi aux industriels de choisir, dès le stade de la conception, les meilleurs matériaux et assemblages.

Un effet de volume

Cette méthode a suscité l’intérêt de deux industriels majeurs, Safran et Naval Group. Les prémices de la collaboration remontent au début de l’année 2020, lorsque Safran rencontre l’Ensta Bretagne. Le groupe aéronautique souhaite faire évoluer sa collaboration avec l’école. « Jusque-là, la collaboration avançait au coup par coup, thèse après thèse. Nous leur avons proposé de monter une chaire, pour bénéficier d’un effet de volume. »

La chaire Self heating prévoit de lancer huit thèses. Pour renforcer le poids de la chaire, l’école propose à Naval Group, avec qui elle a déjà créé le laboratoire commun Gustave Zédé, de rejoindre le projet. L’institut P’ (Université de Poitiers/CNRS/ISAE-ENSMA) complète ce partenariat. Habitué des collaborations avec les entreprises, l’Institut apporte ses compétences en modélisation.

La chaire est financée par l’ANR à hauteur de 2,05 millions d’euros sur quatre ans.