Prix Fieec Carnot : la recherche public/privé décerne aussi ses prix

8 octobre 2020

Yann Hello, chercheur au laboratoire Géoazur

Le 10e prix Fieec Carnot de la recherche appliquée sera décerné fin novembre dans le cadre des Rendez-vous Carnot. Ils se tiendront les 18 et 19 novembre prochain à Lyon. Ce prix récompense la collaboration d’un chercheur avec une entreprise, et met en lumière l’« impact économique » pour le territoire. Trois chercheurs, anciens lauréats du Prix, reviennent sur les bénéfices, économiques, mais aussi scientifiques, de leur collaboration.

La recherche appliquée a aussi son prix ! Depuis 10 ans, la Fieec, Fédération des industries électriques, électroniques et de communication, récompense chaque année trois collaborations réalisées par un chercheur et son équipe avec une entreprise. Organisé en collaboration avec l’association des Instituts Carnot, Bpifrance, l’Anr et le Club Rodin, ce prix met l’accent sur les collaborations souvent peu connues de la recherche publique avec les PME et les ETI. « Les chercheurs travaillent déjà avec de grands groupes, mais ils ne savent pas forcément qu’ils peuvent le faire avec des PME et des ETI », explique Joseph Puzo, vice-président innovation de la Fieec et fondateur du prix.

À travers le témoignage de trois anciens lauréats, nous découvrons que ces collaborations, loin de s’arrêter aux simples aspects économiques, sont aussi une source de production scientifique.

Serge Monneret – Lauréat 2015

Serge Monneret, aujourd’hui à la tête de l’Institut Carnot Star, est, à la fin des années 2000, chercheur CNRS au sein de l’Institut Fresnel (CNRS/AMU/Centrale Marseille). Il rencontre l’entreprise Phasics, qui est, à l’époque, un des leaders sur le marché du contrôle laser. Le chercheur propose à l’entreprise de développer une technologie d’analyse de phase. L’expérience est concluante et donne lieu à une thèse Cifre. La collaboration scientifique ne s’est pas arrêtée depuis. « Aujourd’hui, nous en sommes à la quatrième thèse Cifre menée avec Phasics », précise Serge Monneret. Les retombées économiques pour Phasics ont été importantes, puisque l’entreprise est devenue un acteur majeur du marché de l’imagerie biomédicale, grâce à cette collaboration.

Cette coopération, entamée il y a douze ans, a d’abord été positive scientifiquement, notamment en matière de publications. « Elle a permis d’accélérer ma carrière scientifique », confirme Serge Monneret. Les équipes ont également pu avoir accès à des équipements de pointe. « Phasics me propose régulièrement de travailler sur ses prototypes, ce qui me permet d’être toujours en avance de phase par rapport aux autres laboratoires. »

Claude Marché – Lauréat 2019

Le chercheur de l’Inria Saclay travaille avec l’éditeur de logiciel libre AdaCor depuis dix ans. La collaboration prend corps lorsque l’équipe de l’Inria propose à AdaCord d’intégrer sa technologie open source de vérification par preuve informatique, baptisée Why3. AdaCor développe, de son côté, une solution de vérification logicielle, Spark. L’intégration de la technologie de l’Inria pourrait aider AdaCor à renforcer la fiabilité et la sécurité de ses solutions de vérification de logiciels critiques qu’elle propose à ses clients. La coopération est un succès. Elle débouche sur le lancement d’un projet FUI, puis sur la création d’un LabCom, ProofInUse.

Aujourd’hui, ce travail en commun se poursuit. Trois doctorants du laboratoire de Claude Marché ont d’ailleurs intégré l’entreprise. Pour le laboratoire, l’absence de licence n’a pas permis de générer de revenus, mais les contrats bilatéraux lancés avec AdaCor ont pu financer des embauches. « Deux CDD d’ingénieur à temps plein », rappelle Claude Marché. Surtout, le chercheur estime que cette collaboration et la reconnaissance apportée par le Prix Fieec Carnot ont conduit d’autres entreprises à se rapprocher de son laboratoire. Le chercheur souhaite désormais s’appuyer sur cette visibilité croissante pour créer une communauté d’utilisateurs autour de sa technologie Why3. « Ce serait une manière de pérenniser l’utilisation de cette technologie. »

Yann Hello – Lauréat 2019

Yann Hello, chercheur au laboratoire Géoazur (UCA/OCA/CNRS/IRD), travaille depuis plusieurs années sur des questions d’astrophysique. Non dans l’espace, mais sous terre. Son objectif : mieux connaître les évolutions physiques de la Terre en développant des technologies d’imagerie. Le laboratoire souhaite ainsi mettre au point un nouveau type de sismomètre de fond de mer (OBS), qui puisse, notamment, transmettre des données régulièrement. Pour financer ce projet, le chercheur se tourne vers l’entreprise Osean. Les deux acteurs financent à hauteur de « quelques milliers d’euros » un nouvel appareil, capable de remonter à la surface toutes les deux semaines pour transmettre des données.

La collaboration n’a pas généré de revenu directement. Les deux partenaires ont choisi de ne pas déposer de brevet, ce qui a permis de faire évoluer la technologie. « Nous en sommes à la troisième version », indique Yann Hello. Cette coopération public/privé a surtout permis, selon Yann Hello, d’avancer rapidement sur le projet. « L’entreprise est allée vite pour développer un prototype, et encore plus pour industrialiser la technologie. » Yann Hello a ainsi pu poursuivre ses recherches, et développer un matériel de pointe. « C’était du matériel de qualité industrielle, que nous n’aurions jamais pu concevoir nous-même. Il était plus efficace que les nôtres et, en plus, réplicable. »

Candidatez jusqu’au 16 octobre !

Les chercheurs qui souhaitent déposer leur candidature pour le Prix Fieec Carnot ont jusqu’au 16 octobre.

Dépôt des candidatures auprès de Alexandre Allemand : aallemand@fieec.fr ou sur le site /www.fieec.fr/prix-fieec-carnot-2020/

Des questions à propos de ce concours ? Contactez Jacques Larrouy : jacques.larrouy@aicarnot.fr

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