Yannick Neuder (Région Aura) : « Nous prévoyons de tenir des Assises de l’IA »

22 mars 2021

La Région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) s’est dotée ces dernières années d’un arsenal d’outils pour soutenir la recherche et l’innovation. Les plans de relance, en France et en Europe, offrent à la Région l’opportunité de renforcer ces outils, et d’accroître ses spécialisations. Yannick Neuder, l’architecte de la politique ESRI de la Région, revient pour nous sur les nouveaux moyens et structures qu’il souhaite mettre en place pour sortir par le haut de la crise.

Comment la Région soutient-elle la recherche et l’innovation depuis le début de la crise sanitaire ?

Nous disposons de plusieurs instruments de soutien pour la recherche et l’innovation. Je les ai mis en place depuis notre arrivée au pouvoir (voir encadré). Face à la crise, nous avons, en particulier, renforcé notre dispositif d’appui aux doctorants. Nous avons financé certains doctorants touchés par la crise, pour qu’ils puissent achever leur thèse. Nous avons aussi facilité l’embauche de doctorants par les entreprises. Nous avons aussi fait en sorte que les chercheurs du privé puissent rejoindre la recherche publique, pour soulager les entreprises pendant la crise. Ces dispositifs ont été confiés à nos Satt. J’ajoute que nous avions développé ces mécanismes dès 2019, après la relecture de notre SRDEII, pour rendre plus agile le parcours des jeunes chercheurs.

Votre SRDEII risque-t-il de connaître de nouvelles évolutions après cette crise ?

Nous espérons refaire une lecture du SRDEII en 2022. J’aimerais que l’intelligence artificielle soit le marqueur de cette relecture. Nous pensons, notamment, tenir des Assises de l’IA, afin d’évaluer nos forces et nos faiblesses, et lancer ensuite un appel à projets pour fédérer la filière et massifier notre présence à l’échelon européen. Nous ambitionnons d’être dans le top 5 des régions en Europe en matière d’innovation. Nous voulons, entre autres, créer un hub de l’IA à partir du Digital Innovation Hub (pôles de référence créés à l’initiative de l’Union européenne) du pôle Minalogic.

Vous avez signé la semaine dernière un avenant au contrat de Comité stratégique de filière « industries électroniques », lors de la visite d’Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’industrie, dans les locaux de Soitec (38). Que permet cet avenant ?

Cet avenant conforte l’action engagée depuis de nombreuses années par la Région pour la filière des industries électroniques : en effet, considérée comme une filière d’excellence régionale, elle est une des principales sources d’innovation et constitue un enjeu de souveraineté économique. Ce nouvel avenant s’inscrit dans les priorités région pour les années à venir : l’électromobilité, l’intelligence artificielle et le quantique. Le plan est passé de 125 millions à 250 millions d’euros pour la filière électronique. Régions de France a débloqué, de son côté, 130 millions d’euros. Avec cet engagement, c’est une manière de montrer que si l’État-stratège est important pour structurer des filières industrielles, il n’y a pas d’industrie forte sans les territoires.

Auvergne-Rhône-Alpes s’est engagée en 2020 à débloquer un milliard d’euros pour financer son Plan de relance. Comment la recherche et l’innovation vont-elles en profiter ?

Notre objectif à travers notre engagement de 2020 était d’assurer le maintien de 50 000 à 100 000 emplois dans les secteurs soutenus dans notre SRDEII (industrie 4.0, BTP, transition énergie, numérique, santé et tourisme et sport). En début d’année le montant du plan signé avec l’État est passé à trois milliards. Notre engagement total est de 1,7 milliard, grâce à la bonne santé financière de la Région. À titre d’exemple, elle a soutenu récemment 41 projets collaboratifs de R&D (78 entreprises régionales, essentiellement des PME, et 40 organismes de recherche et de diffusion des connaissances) dans le cadre des appels à projets PSPC-Régions et R&D Booster pour un total de 16,5 M€, soit le montant le plus élevé depuis le début du mandat. Nous souhaitons aussi sacraliser le budget d’un autre de nos dispositifs : le Pack ambition-recherche, dont le budget (près de 10 millions d’euros) sera soumis à l’approbation des élus régionaux en juillet.

Quels sont vos projets ?

Arrivent le Contrat Plan État-Région (CPER) et les fonds Feder. Nous venons d’approuver l’accord de partenariat avec Feder. Il représente 150 millions d’euros pour notre région. Le dispositif React-EU (outil développé dans le cadre du Plan de relance européen) nous permet de mobiliser d’ores et déjà 80 millions d’euros. Et nous pourrions obtenir 30 millions supplémentaires en 2022. En ce qui concerne le CPER, nous menons la même stratégie. Il est passé de 2,6 milliards d’euros sur la période 2015-2020 à 5,2 milliards sur la période 2021-2027. Les secteurs concernés seront toujours ceux du SRDEII.

Propos recueillis par Florent Detroy

Les trois instruments de la Région pour la recherche et l’innovation :

  • Pack ambition-recherche

Programme de soutien aux projets portés par des laboratoires de recherche et disposant d’un « fort potentiel de valorisation socio-économique ».

  • R&D Booster

Programme de financement de projets collaboratifs, portés, au minimum, par deux entreprises et un laboratoire de recherche, compris entre un TRL 5 et 9.

  • Irice (Installations de recherche et d’innovation centrées entreprises)

Dispositif de soutien aux plateformes technologiques de la région destiné à les aider à s’ouvrir aux entreprises.

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