Le long projet de RC Modèles avec le CEA Tech de Metz

10 janvier 2020

RC Modèles, basée à Custines, en Meurthe-et-Moselle, est spécialisée dans les soufflets de machines-outils. De plus en plus concurrencée par les producteurs étrangers depuis une dizaine d’années, la petite PME a fait le choix de s’associer aux équipes du CEA basées à Metz pour rendre ses soufflets plus « intelligents ». Un projet qui s’est avéré plus long que prévu, mais qui pourrait considérablement transformer le visage de cette PME familiale.

Une PME a-t-elle les épaules pour faire face à la concurrence chinoise ? Il y a 10 ans, RC Modèles, entreprise familiale d’une trentaine d’employés, ne voyait pas l’avenir en rose. Son produit phare, des soufflets de protection pour machines-outils, était fortement concurrencé par des entreprises italiennes, allemandes, voire asiatiques. Le PDG de l’entreprise depuis 2010, Frédéric Patard, voit alors le salut de son entreprise dans l’amélioration de son service de maintenance. Son objectif est de permettre à ses clients, constructeurs automobiles ou aéronautiques notamment, de mieux anticiper l’usure des soufflets afin de réduire les temps d’arrêt des machines. L’idée : mettre davantage d’intelligence dans ses soufflets, en y intégrant des capteurs.

C’est à l’occasion d’une réunion d’information organisée par le CEA Tech peu avant son implantation à Metz, en 2014, que Frédéric Patard rentre en contact avec les équipes du centre. Les échanges sont facilités par la proximité des deux sites – 50 kilomètres seulement séparent le CEA Tech de Custines – et le projet est finalement mis sur les rails. « [Le CEA Tech] voulait démarrer avec une PME. Le programme a même été réadapté à notre niveau ; et ils ont fait un effort sur le budget », explique Frédéric Patard. La collaboration avec un organisme extérieur n’est toutefois pas allée de soit pour les équipes de l’industriel. Petite PME de 30 personnes, RC Modèles n’a pas d’expérience dans la recherche partenariale. « Nous étions des artisans améliorés. Les seules recherches que nous menions, c’était en interne, mais cela ne permet pas de passer un palier » reconnaît le dirigeant. Le PDG doit convaincre en interne, et organise des visites du CEA Tech pour impliquer ses équipes. Le projet est finalement lancé en 2016, pour une première phase de 18 mois.

« Nous interviendrons probablement encore après, notamment pour la phase d’industrialisation »

Florian Picard

Un projet qui « déborde »

Cette première phase du projet a consisté à « dimensionner » le capteur à intégrer, c’est-à-dire identifier quelles sont les données les plus utiles pour anticiper la casse d’un soufflet. Les équipes du CEA Tech ont testé différents capteurs : de luminosité, vibration, bruit…puis le centre a développé un algorithme spécifique pour traiter les données récoltées. Après validation de cette première phase, le projet est passé à l’étape suivante en 2018, pour une durée de 18 mois à nouveau. Cette phase, dans laquelle est actuellement le projet, consiste à construire un prototype de soufflet « intelligent », et le tester en condition réelle chez des clients. Les équipes de RC Modèles sont actuellement en discussion avec plusieurs d’entre eux pour tester le produit sur leur site.

Cette deuxième phase, qui aurait dû s’achever en 2019, devrait s’achever fin 2020. « Nous avons un peu débordé, le projet devait durer initialement trois ans » explique Florian Picard, responsable des partenariats industriels et chef du projet avec RC Modèles. Mais l’investissement des équipes, et l’importance de ce premier projet, ont poussé le CEA Tech à accompagner la PME jusqu’au bout. « Nous interviendrons probablement encore après, notamment pour la phase d’industrialisation » ajoute Florian Picard. Car RC Modèles est encore loin de pouvoir commercialiser son nouveau soufflet. La PME devra encore adapter son outil de production pour pouvoir produire ces nouveaux soufflets. Au final, le PDG du groupe estime que le projet devrait durer encore trois ans après la fin de la phase deux, ce qui pourrait le porter à sept ans au total. « Nous sommes à peu près au milieu du projet. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si long » reconnaît-t-il.

« Ce projet nous permet de montrer aux salariés ce que nous voulons être demain »

frédéric patard

La métamorphose de RC Modèles

À travers ce programme, le CEA Tech veut démontrer sa capacité à répondre aux attentes des PME, souvent freinées par le manque de moyen et de temps. Arrivée avec peu de ressources, RC Modèles a effectivement réussi, grâce au soutien du CEA Tech, à mobiliser les aides de la région et de Bpifrance. Au final, l’entreprise ne devrait financer qu’un quart du coût total du projet, estimé à 400 000 euros. Surtout, ce partenariat va permettre aux dirigeants de l’entreprise de se positionner sur un marché plus haut de gamme. RC Modèles est d’ailleurs devenue la marque « innovante » du groupe, la production des soufflets « classiques » étant désormais externalisée et commercialisée sous un autre nom. « Ce projet nous permet de montrer aux salariés ce que nous voulons être demain » résume Frédéric Patard.

Le CEA Tech rêve d’une troisième plateforme
Le CEA Tech de Metz, spécialisé sur l’industrie du futur, compte deux plateformes de recherche collaborative : La plateforme FFLOR, située sur le site de PSA à Trémery-Metz, dédiée aux technologies industrielles « du futur », et MAPP, consacrée à l’intégration du numérique dans les usines. Le CEA Tech souhaite créer une nouvelle offre à destination des industriels de la région. « Notre rêve, c’est d’être capable de créer l’’’usine du futur’’ pour chaque métier. Sur cette plateforme, nous pourrions développer des scénarios par métier, et leur montrer comment pourrait fonctionner leur usine demain » explique Jean-Luc Jacquot, directeur du site. La plateforme prendrait la forme d’une série de modules, que les équipes du CEA Tech pourraient assembler en fonction de chaque industriel. Elle permettrait ainsi d’identifier plus rapidement les points de blocage, et d’imaginer la meilleure organisation. « Je demande parfois aux industriels où se situe la machine ‘’goulot’’ de leur usine. Je leur montre ensuite que leur « usine du futur », c’est une usine où cette machine a évolué » continue Jean-Luc Jacquot. Prévue pour être installée sur les installations de FFLOR, cette plateforme pourrait voir le jour cette année.

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