Depuis plus de 20 ans, l’Allemand Ulrich Finger est à la tête de l’Eurecom, école d’ingénieurs basée à Sophia Antipolis, reconnue dans les domaines de la sécurité numérique, de la data science et des systèmes de communication. À la veille de laisser la main à son successeur, Ulrich Finger revient, pour POC Media, sur son action en matière de valorisation et présente les projets de l’établissement.

En mars 2021, vous avez annoncé la signature d’un accord de double diplôme avec l’Edhec permettant à vos étudiants de renforcer leurs compétences en business et entrepreneuriat. Où en est ce projet ?
Le démarrage était prévu pour septembre dernier, mais nous sommes toujours en train de discuter sur la façon de l’organiser. L’idée est d’arriver à un double master dans lequel l’étudiant suit sa première année dans son école, puis intègre l’établissement partenaire en seconde année. Nous avons actuellement de nombreuses réunions pour mettre cela en place. Avec la ferme volonté de proposer ce nouveau cursus à nos étudiants dès la rentrée 2022.

Au-delà de ce nouveau cursus, l’entrée de l’Edhec dans votre gouvernance va-t-elle se traduire par d’autres actions ?

Lorsque l’Edhec est devenue membre de notre GIE, le 1er janvier 2021, nous avons déposé, dans la corbeille de mariage, l’idée d’un incubateur en commun. Jusqu’à maintenant, un étudiant qui voulait monter une start-up – s’il était soutenu par un professeur – pouvait rester jusqu’à 18 mois dans nos locaux pour développer son projet. Mais cela était fait en amateur. Dans notre business model, nous n’avions pas de budget pour lui proposer davantage.

Sur le site de Sophia Antipolis, il y a aussi l’incubateur « Télécom ParisTech Eurecom Entrepreneurs », dont notre école fait partie, comme son nom l’indique. Mais excepté pour la sélection des dossiers, nous n’étions pas très actifs. Avec l’Edhec, leur équipe et l’obtention de nouveaux financements, nous réfléchissons actuellement à reprendre cet incubateur et à le transformer en structure commune Edhec-Eurecom. L’Edhec apporterait son expertise business et nous, nos compétences techniques.

Votre stratégie de valorisation se limite-t-elle à ce soutien à l’entrepreneuriat ?

C’est moi qui ai initié, à mon arrivée, le soutien à l’entrepreneuriat. Comme je suis allemand, j’ai aussi pu nouer des liens avec des universités réputées en la matière, comme l’université technique de Munich et son centre dédié à l’innovation, l’UnternehmerTUM. Mais chez nous, la valorisation ne se limite pas aux seules start-up. À côté de l’enseignement, nous faisons de la recherche appliquée. Les contrats de recherche représentent l’essentiel de notre budget et ce sont de véritables passerelles de savoir-faire vers l’industrie.

La plupart des brevets que l’on développe dans ce cadre appartiennent aux sociétés avec lesquelles on collabore. Mais il nous arrive d’en déposer nous-mêmes. Dans le cadre d’un contrat de recherche en cours, on dépose trois brevets par an sur la 5G ioT [5G pour l’internet des objets]. On sait qu’il y a des clients. Cela peut donc être très rentable pour nous, davantage que les start-up, mais nous devons encore y travailler. Un brevet seul ne suffit pas, il faut en général des paquets. Puis il faut quelqu’un qui estime le potentiel de ces brevets, une personne responsable de leur marketing, etc. C’est un sujet sur lequel nous souhaitons nous améliorer.

Quelles sont les autres pistes de développement pour l’Eurecom ?

L’Eurecom vient d’obtenir la certification pour pouvoir délivrer le diplôme d’ingénieur. Jusqu’à présent, nous n’avions pas de diplôme d’ingénieur en propre, mais seulement des masters de spécialisation. C’est extrêmement important pour nous, car, à partir de la rentrée prochaine, nous ferons partie des écoles reconnues et l’Eurecom sera présente dans les classements. Cela va nous permettre de recruter nos étudiants plus tôt et de continuer à grandir conformément à nos valeurs de recherche, de diversité et à notre envergure internationale. En matière de systèmes de communication ou de sécurité des serveurs, nous sommes déjà une des meilleures écoles en Europe. Nous sommes sur la bonne voie.