La start-up Sweetech va produire à grande échelle de nouveaux sucres thérapeutiques

30 juin 2023

Le Toulouse Biotechnology Institute héberge la spin-off Sweetech (TBI).

Spin-off du Toulouse Biotechnology Institute, Sweetech a développé une technologie respectueuse de l’environnement, permettant la production à échelle industrielle d’oligosaccharides (sucres à courte chaîne) pour le domaine de la santé. Elle envisage, d’ici à deux ans, la sortie de terre de sa première usine.

À la tête aujourd’hui d’une start-up en biotech et lauréat du concours i-PhD, Julien Durand est pourtant venu à la science « sur le tard ». Après une première partie de carrière dans la logistique – en tant que chauffeur poids lourd puis régulateur –, il obtient son baccalauréat scientifique à 30 ans avec la mention très bien. « Cela a rendu crédible une potentielle reconversion dans le domaine des biotechnologies qui me passionne », déclare-t-il à POC Media.

Il s’inscrit alors en licence à l’Université de Toulouse, puis en master « expression génique et protéines recombinantes ». Après un an en tant qu’ingénieur de recherche au Toulouse Biotechnology Institute (TBI), il poursuit son parcours avec une thèse en ingénierie enzymatique à l’INSA de Toulouse, qu’il soutient en décembre 2017.

L’utilisation d’un nouveau type d’enzymes

Recruté en postdoctorat au TBI par la directrice de recherche Gabrielle Potocki-Véronese, Julien Durand se voit alors confier un projet « ambitieux et risqué » : « Il s’agissait de démontrer qu’il était possible d’utiliser une nouvelle famille d’enzymes pour faire de la synthèse in cellulo d’oligosaccharides », expose-t-il.

« Jusqu’à présent, seules deux familles d’enzymes – les glycosides hydrolases et les glycosides transférases — étaient employées pour une synthèse directe de sucres in cellulo. Tout le monde pensait qu’il était impossible d’utiliser un autre type d’enzymes que sont les glycosides phosphorylases », explique le chercheur. « Avec nos travaux, nous avons apporté la preuve de concept que cela était faisable, ce qui ouvre la voie à la production de nombreuses nouvelles molécules à fort potentiel applicatif dans la santé humaine grâce, par exemple, à leurs propriétés prébiotiques, immunomodulatrices ou antigéniques », abonde-t-il.

Protégée par un brevet, la technologie fait alors l’objet d’un programme de maturation au sein de la SATT Toulouse Tech Transfert, membre du Réseau SATT. « Cela nous a permis de valider la pertinence de l’exploitation commerciale de notre technologie et de la création d’une société », indique Julien Durand. C’est ainsi que naît, début 2021, la start-up Sweetech dont il est le CEO. À ses côtés, Yannick Malbert, également chercheur passé par le TBI, prend la fonction de CTO.

Une usine de production d’ici à deux ans

Outre cet accès à de nouvelles molécules, la solution développée se veut écologique et à faibles coûts, contrairement aux autres méthodes existantes : « Notre procédé de synthèse est réalisé in cellulo, c’est-à-dire au sein de micro-organismes qui sont placés dans de grands fermenteurs. Nous récupérons ensuite nos molécules après centrifugation dans leur milieu de culture qui est de l’eau, souligne Julien Durand. Un procédé quasiment sans solvants, à la différence de la synthèse chimique qui nécessite de multiples étapes, génère de nombreux polluants et est très énergivore avec des besoins de températures très élevées ou très basses. »

Actuellement hébergée au TBI et profitant du dynamique écosystème toulousain, la start-up, qui a déposé un nouveau brevet, vise la production industrielle de ses molécules, qu’elle vend déjà à des acteurs de la santé, de la cosmétique ou de la parapharmacie. « D’ici à deux ans, nous visons l’acquisition de notre propre usine de production », rappelle Julien Durand. Pour assurer cette montée à l’échelle, des discussions sont en cours avec des investisseurs.

Réseau SATT
Le Réseau SATT fédère, en France, treize Sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT). Engagées dans le dynamisme économique grâce aux innovations scientifiques, les SATT apportent aux entreprises des solutions technologiques dérisquées, à fort potentiel, pour gagner en compétitivité. Avec plus de 700 start-up créées, les SATT sont les premiers acteurs de proximité du Plan Deeptech de l’État, opéré par Bpifrance. Elles sont connectées au quotidien à plus de 150 000 chercheurs et offrent un accès privilégié aux innovations des laboratoires publics. Fortes de leur réseau national, elles sont les partenaires stratégiques des entreprises en quête de croissance par l’innovation. Plus d’informations sur : www.satt.fr

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