Laval multiplie les portes d’entrées vers la réalité virtuelle 

28 janvier 2020

Rendre visible l’invisible, leitmotiv du centre de ressources technologiques Clarté ©Clarte

Le chef-lieu de la Mayenne est devenu, en l’espace de 20 ans, un des premiers centres de recherche et d’innovation en matière de réalité virtuelle et augmentée en Europe. Derrière le salon Laval Virtual, qui a porté la renommée de la ville sur ce secteur, les Arts et Métiers (Ensam) et le centre CLARTE travaillent au quotidien à traduire les travaux de recherche en applications concrètes. Un travail facilité par la baisse rapide du coût des technologies. De quoi rendre accessible la réalité virtuelle et augmentée au plus grand nombre. 

Vous souhaitez vous immerger dans votre une maquette numérique ? Former un conducteur de train ? Concevoir vos meubles ? À toutes ces questions, les acteurs de l’écosystème de Laval ont une réponse. Inauguré en 2017, le Laval Virtual Center est la porte d’entrée physique de toutes les entreprises intéressées par la réalité virtuelle. Le centre, installé à Changé, proche de Laval, accueille une partie des équipes du « Lampa », le Laboratoire angevin de mécanique, procédés et innovation, de l’Ensam, ainsi que Clarté, le Centre de ressources technologiques spécialisé en réalité virtuelle.

Le premier atout de Laval en matière de réalité virtuelle (RV) et augmentée (RA), c’est d’être en connexion avec le monde de la recherche. Les équipes de Clarté sont, par exemple, reliées aux laboratoires de l’École supérieure d’informatique, électronique et automatique (Esiea), installée à Laval, ou à ceux de l’Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (Irisa), à Rennes. Clarté a également noué des partenariats avec Centrale Nantes, l’université d’Angers ou encore du Mans. « Nous avons des réunions régulières pour connaître l’état de leurs travaux. Derrière, nous collectons les besoins des entreprises » explique Alexandre Bouchet, le directeur de Clarté. Le centre est tout particulièrement engagé avec Centrale Nantes, où les équipes dispensent en prime un enseignement sur la réalité virtuelle.

L’Ensam partenaire des grands groupes
Positionnée sur les technologies les plus amont, l’équipe du Lampa de Laval est plus particulièrement spécialisée sur l’adaptation des technologies de réalité virtuelle aux différents environnements. « Nous sommes sur le côté humain de la technologie » explique Simon Richir, directeur de l’Institut Arts et Métiers de Laval. L’équipe de Simon Richir, baptisée « Présence & innovation », intervient sur différents secteurs, du médical à l’industrie, le plus souvent auprès de grands groupes. L’équipe a par exemple travaillé avec Saint-Gobain Recherche, Orange, ou encore la SNCF. Avec cette dernière, l’Ensam a développé des applications de réalité virtuelle pour former les conducteurs de train. Côté médical, l’équipe a notamment utilisé la réalité virtuelle pour tester l’exposure therapy, un concept américain consistant à exposer les victimes d’un choc à cette même situation, via la réalité virtuelle. Un programme a été engagé avec certaines victimes de l’attentat du Bataclan, avant d’être arrêté. « Nous avions même réalisé un POC (proof of concept), mais les psychologues français se sont opposés à ce type de thérapie » explique Simon Richir. « Ils ont découvert la réalité virtuelle grâce à l’un de nos stagiaires » Simon Richir Ces projets débouchent parfois sur des collaborations de recherche à plus long terme. C’est le cas, notamment, avec l’équipementier auto allemand Mann+Hummel.

« Ils ont découvert la réalité virtuelle grâce à l’un de nos stagiaires qui avait effectué son stage chez eux »

Simon Richir

Après plusieurs expérimentations entre l’industriel et l’équipe de l’Ensam, l’entreprise a décidé de passer à la vitesse supérieure. « Mann+Hummel était confronté à la question des particules. L’entreprise cherchait un moyen de visualiser les flux de particules, produits par les trains et les métros lors de leurs arrivées en gare. Nos travaux sur la créativité via la réalité virtuelle les ont intéressés » poursuit Simon Richir. Le groupe allemand s’est finalement décidé à financer, via la fondation Arts et métiers, une chaire de recherche. Baptisée « Time to Concept », elle porte sur l’impact des environnements physiques et virtuels sur la créativité et l’innovation. Cette chaire pourrait ouvrir de nouvelles collaborations avec d’autres grands groupes « Nous discutons avec Dassault Systèmes et Airbus. Ils ont développé leurs solutions de réalité virtuelle et augmentée en interne, mais ils n’ont pas les feedbacks sur le côté humain ».

Un « parcours » découverte pour la RA/RV
La mission de Clarté est plus spécifiquement axée sur le transfert de technologies. L’équipe, composée d’une vingtaine de personnes, propose tout un « parcours » aux entreprises qui souhaiteraient découvrir la réalité virtuelle ou augmentée. La première étape consiste à utiliser la réalité virtuelle pour rendre visible une maquette numérique. Le centre dispose d’une antenne à Saint-Nazaire, où les entreprises peuvent venir visualiser leur maquette numérique. « Cette offre permet de mettre le pied à l’étrier de la réalité virtuelle » indique Alexandre Bouchet. Le centre dispose d’autres offres pour enrichir cette découverte. Elles vont de la journée de sensibilisation aux technologies immersives, à la réalisation d’un état de l’art de la recherche, jusqu’à la réalisation d’un prototype (POC). De quelques centaines d’euros, les prix vont jusqu’à 20 000 à 30 000 euros pour cette dernière offre.

« [Les PME] viennent parce qu’elles veulent faire
comme les grands groupes »

Alexandre Bouchet


La baisse des coûts des technologies de réalité virtuelle et augmentée a permis d’attirer un nombre croissant de PME et ETI issues principalement du secteur industriel. « Elles viennent souvent pour découvrir la technologie, et réaliser rapidement quelques essais. Parfois elles viennent parce qu’elles veulent faire comme les grands groupes » souligne Alexandre Bouchet. Et grâce à ses connexions avec les autres acteurs de l’écosystème régional, Clarté peut accompagner ces entreprises clients dans le montage de projets collaboratifs, du type ANR ou PSCP (ex-FUI).

Les Arts et métiers coordonne un projet européen sur la RV
Fin 2019, l’Institut Arts et métiers de Laval s’engage comme coordinateur du projet européen Inedit (Open INnovation Ecosystems for Do It Together process). Ce projet veut proposer aux consommateurs de concevoir leurs meubles grâce à la réalité virtuelle. Ils seront accompagnés par une communauté de co-créateurs mis en réseau sur une plateforme 3D. Le consommateur pourra ensuite faire fabriquer ses meubles en local, selon une démarche responsable. L’Ensam est plus particulièrement responsable du développement de la chaîne numérique (passer de l’idée à la conception), ainsi que du développement des outils de co-création. « Il faut imaginer par exemple un couple qui vient d’avoir des triplés, et qui a besoin d’un siège bébé adapté qui n’existe pas dans le commerce. Nous pourrions leur donner la possibilité de concevoir ce siège avec la communauté, et de le faire fabriquer en local, via un réseau de fablabs par exemple » détaille Simon Richir. Inedit rassemble 14 partenaires de 8 pays européens, il est doté d’un budget de sept millions d’euros.

Ce qu’il faut retenir :

  • Le Laval Virtual Center est le principale portée d’entrée pour découvrir  les applications possibles de la réalité virtuelle
  • Le centre Clarté a développé une gamme d’offres pour se former progressivement à la RV
  • Le salon Laval Virtual a lieu du 22 au 26 avril prochain

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